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Les Canadiennes : elles lancent et comptent

Mesdames et messieurs, veuillez vous lever pour accueillir… nos Canadiennes!

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C’est une équipe de hockey. Montréalaise. Qui triomphe à grands coups de talent et de volonté. Elle compte dans ses rangs non pas des hommes de six millions, mais des femmes dotées d’une force brute, dont des médaillées olympiques. Des hockeyeuses de haut niveau, déterminées à populariser leur sport.

Caroline Ouellette, Kim St-Pierre, Charline Labonté, Lauriane Rougeau, Marie-Philip Poulin : ces noms vous disent sûrement quelque chose. Vous avez même sans doute déjà vu ces joueuses à l’œuvre sur la glace. Normal : elles ont représenté – et représenteront encore, pour certaines – le Canada à divers Jeux olympiques. Si leur adresse et leur vivacité vous avaient impressionnés, sachez que ces étoiles du hockey féminin évoluent au sein de la même équipe, dans la métropole, et que vous pouvez les voir briller sur la patinoire des dizaines de fois par année.

Les Canadiennes ont tout un ancrage historique et géographique, car c’est dans leur ville qu’est né le hockey féminin, dans les années 1930. Ayant d’abord perpétué la tradition sous le nom des Stars dès 2007, celles qui s’appellent les Canadiennes de Montréal depuis 2015 – grâce à un partenariat avec les Canadiens – font partie de la Ligue canadienne de hockey féminin (LCHF), qui regroupe cette année sept équipes, avec le récent ajout de deux formations chinoises. Mais contrairement à la troupe de Max Pacioretty, celle de Marie-Philip Poulin trône souvent au sommet du classement : elle a remporté quatre coupes Clarkson (l’équivalent de la Coupe Stanley) depuis 2009, notamment l’an dernier.

Si quelques-unes des joueuses des Canadiennes gagnent leur vie un bâton à la main, la plupart doivent encore avoir un emploi en parallèle pour payer les factures – elles sont agentes immobilières, enseignantes, conseillères financières, entraîneuses de hockey… Mais grande première cette année : elles seront toutes rémunérées pour patiner, déjouer, lancer au but ou monter en échappée. On est cependant loin des faramineux salaires de la Ligue nationale de hockey – on parle de 2 000 à 10 000 $ par an –, mais c’est déjà un pas. « C’est un très gros projet de bâtir une ligue professionnelle, explique Meg Hewings, directrice générale des Canadiennes qui s’investit beaucoup dans le développement de la LCHF. On a beaucoup d’objectifs : augmenter les budgets, les revenus, les assistances. Tout ça grandit tranquillement. »

Rallier des joueuses de partout

À la mi-septembre, on apprenait que l’équipe s’installera à l’Auditorium de Verdun en 2019, lorsque l’immeuble se sera refait une beauté. « C’est une très bonne nouvelle pour nous comme pour le hockey féminin élite, car on va entre autres implanter un centre d’entraînement professionnel. Et c’est génial de s’établir dans un arrondissement fou de hockey! On veut s’intégrer dans cette communauté et participer à initier les jeunes à ce sport. Rendre le hockey accessible, à des prix abordables, ça a toujours fait partie de notre mission. »

Leur mission, évidemment, c’est aussi et surtout de faire croître le hockey féminin. « Toute notre équipe, que ce soient les joueuses ou les différents employés, est passionnée par cet objectif », raconte la joueuse Caroline Ouellette, qui évolue avec les Canadiennes depuis 2008. « Je crois que l’expansion vers la Chine est un bon début. Nous voulons vraiment développer notre ligue professionnelle pour qu’elle accueille les meilleures joueuses de partout dans le monde », poursuit celle qui, depuis deux ans, organise un grand tournoi de hockey mineur féminin pour les 6 à 12 ans.

Quand la rondelle roule moins pour les femmes

Mais, on le sait, les choses ne sont pas toujours faciles pour les joueuses de hockey professionnel. « Le financement de la ligue repose sur les commandites, les dons, et les revenus de marchandises et de billets, commente Meg Hewings. On attire environ 1 200 partisan.e.s par match. C’est très bien, mais on vise à avoir de plus grosses foules. Pour ça, il faut développer le marketing… C’est toujours difficile de ne pas avoir accès à des structures institutionnelles, même si la Ville de Montréal nous a soutenues. On aimerait que ce qu’on fait obtienne plus de reconnaissance et de visibilité. »

Pourtant, dans les gradins, ce n’est pas la reconnaissance qui manque. Les amateurs et amatrices venus les encourager « n’en reviennent pas du niveau de jeu ». « Les mises en échec ne sont pas permises dans notre ligue. Ça donne un jeu beaucoup plus rapide que dans la LNH, par exemple. Il y a beaucoup de place pour la stratégie et le momentum », détaille la directrice générale, elle-même ancienne hockeyeuse.

Si, pour 2017-2018, les Canadiennes souhaitent prolonger leur règne à la tête du classement et faire évoluer encore plus leur ligue, elles espèrent surtout continuer d’être des modèles et des ambassadrices. « Nos joueuses sont vraiment des leaders dans le monde du hockey, affirme Meg Hewings. Elles ont prouvé que c’est possible de trouver sa place dans un sport qui n’a pas toujours accueilli les femmes à bras ouverts. Elles sont impliquées dans la communauté, sont entraîneuses pour des équipes de jeunes ou au collégial… Ce sont ces valeurs fondamentales qui nous définissent avant tout. »

À votre agenda

Pour aller encourager les Canadiennes, rendez-vous au match d’ouverture le 14 octobre au Complexe des sports Bell de Brossard, contre les Blades de Boston. Les parties de la saison régulière se tiendront à cet endroit, ainsi qu’au Complexe Claude-Robillard et au Centre Bell (matchs contre les équipes chinoises). Voir le calendrier.

Certaines joueuses qui font partie de l’équipe nationale prendront aussi part au match préparatoire Canada–États-Unis au Centre Vidéotron de Québec le 22 octobre, avant que les deux légendaires équipes s’affrontent aux Jeux d’hiver de PyeongChang, en février prochain.