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Le clash féministe de la maternité

Mère au foyer ou carriériste ? Le choix ne devrait pas être si draconien…

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Mère au foyer ou carriériste ? Le choix ne devrait pas être si draconien… La maternité semble causer une dichotomie entre raison et émotions chez de nombreuses mères féministes, du moins celles qui m’entourent. Pourtant, réussir sa vie comme mère féministe en 2009, c’est peut-être accepter de n’être ni une mère parfaite ni une féministe parfaite. En témoigne le succès de Mère indigne et de La galère ! Le « clash féministe de la maternité » se manifeste généralement lorsqu’on amorce un processus d’évaluation de nos choix de vie dans le but de réconcilier nos statuts de mère et de féministe. J’en sais quelque chose : féministe bien avant mon premier accouchement, j’ai rapidement vu les contradictions entre mes convictions égalitaires et mes désirs de jeune mère. Devant un manque de flexibilité des modèles de maternité dominants, j’ai vite été déchirée. Sceptiques ? Annoncez à votre entourage que vous quittez votre emploi pour un an afin de passer du temps avec vos petits, et remarquez le silence révélateur ! Le précepte féministe ne dit-il pas qu’il faut réaliser son plein potentiel professionnel au même titre que les hommes ? Or, ma génération a vu ses mères et ses tantes s’éreinter à tenter de tout concilier sous des habits de superwomen. Si Véronique Cloutier semble incarner ce modèle à merveille, nous convient-il encore à toutes, 25 ans plus tard? Comment concilier l’envie de profiter de la présence de ses enfants avec sa conviction que l’on peut et doit investir le milieu du travail ? Si le droit d’allier maternité et travail est reconnu,nombre de mères de jeunes enfants cherchent perpétuellement l’équilibre : l’une refuse des promotions, l’autre partage sa tâche. Personnellement, j’ai vécu une première fracture avec mon éducation féministe quand j’ai décidé de ralentir mes activités professionnelles afin de passer du temps avec mes enfants. C’était une décision éclairée pour une période donnée, non une obligation sociale permanente. Néanmoins, ses effets étaient bien réels sur mon portefeuille et mon plan de carrière.Mes copines féministes de la génération précédente m’avaient pourtant bien avertie : je devais me montrer prévoyante et surtout ne jamais dépendre de qui que ce soit. Compte tenu de mes choix, pouvais-je encore me déclarer féministe ? Cette remise en question intergénérationnelle devrait servir à faire éclater les modèles et les normes. À assouplir le choix, rigide et contraignant, entre mère au foyer et superwoman — sans parler des jugements qui en découlent. L’alliance entre maternité et féminisme se conjugue au pluriel. Les luttes féministes ont permis à plus de mères de choisir, sur un pied d’égalité, un mode de vie qui correspond mieux à leur vision de la maternité et de la famille. Socialement et économiquement, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir avant que des options satisfaisantes soient réellement accessibles à toutes. Il nous reste aussi à assumer individuellement nos choix et à accepter collectivement ceux des autres. Attention cependant : cette quête individuelle d’équilibre ne doit pas tronquer l’histoire des femmes, balayer les luttes pour l’atteinte de l’égalité ni faire régresser les acquis sociaux pour les générations futures. Ce n’est pas une mince affaire ! La résolution du clash ne réside pas uniquement dans la conciliation travail-famille.Comme féministes, nous devons aussi actualiser le discours d’une époque pour y inclure un espace réservé aux sentiments et à différentes réalités liées à la maternité. Ainsi seulement pourrons-nous conjuguer le pouvoir de choisir, si âprement gagné, et un discours féministe en évolution.