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Une charte qui prône la différence

Lancée en grande pompe à l’automne 2009 à l’initiative du ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine…

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Lancée en grande pompe à l’automne 2009 à l’initiative du ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, la Charte québécoise pour une image corporelle saine et diversifiée vise à promouvoir des images différentes de celles de « minceur extrême» généralement véhiculées dans l’espace public. Ces dernières, selon le document, « nuisent à l’estime personnelle, particulièrement chez les filles et les femmes ».

Au printemps, des représentants de l’industrie de la mode, du domaine de la santé, du gouvernement ainsi que le public ont été invités à signer la Charte en ligne et à décrire brièvement pourquoi ils et elles l’endossaient. Josiane dit en avoir «marre de la publicité et des images vides ». La docteure Carole Ratté y a apposé sa griffe en tant que psychiatre responsable des troubles alimentaires au Centre hospitalier universitaire de Québec (CHUQ). Simon l’a fait pour que ses petites sœurs «grandissent sans complexes » et Marie-Luce Ouellet a signé au nom de l’Association des agences de publicité du Québec. Dans un communiqué publié en juin, la ministre Christine St-Pierre soulignait le succès de cette initiative unique en Amérique du Nord en précisant que la Charte avait obtenu l’adhésion de plus de 15 000 signataires entre le 15 mars et le 12 avril 2010.

Mariette Julien, professeure à l’École supérieure de mode de Montréal, croit que l’adoption d’une telle charte pourrait favoriser l’arrivée de femmes plus naturelles dans l’espace médiatique. «Mais il y a encore beaucoup à faire! L’effet glamour est encore très présent, la beauté fait rêver. Une pression de performance nous ramène au besoin de faire jeune. Dans ce contexte, des modèles de femmes sains mettront du temps à s’imposer. Les valeurs devront changer pour que les gens suivent. »

Plutôt théorique, une charte pour une image saine et diversifiée du corps, estiment les finissants en mode de l’UQAM. Selon eux, le changement devra venir du client. «Quand les consommateurs diront “C’est assez!”, les modèles changeront », tranche Leïke Augustine.

De son côté, la chercheuse Caroline Caron trouve l’initiative intéressante, mais se demande si l’on pourra en observer les retombées. « Personne n’est contre la vertu », fait-elle remarquer. De plus, lorsqu’elle s’est rendue sur le site Internet pour connaître les signataires, elle s’est aperçue que les représentants de la mode et du marketing spécifient avoir signé en leur nom personnel. « Je me demande quel est le véritable engagement de ces milieux-là… »

«Le problème, c’est qu’on espère quelque chose de parfait, lance la sexologue Francine Duquet. La Charte n’a pas de poids législatif, certes. Mais elle dénote une intention, elle laisse une trace. Il s’agit d’un geste concret pour signifier notre réaction à ce qui se passe autour de nous, notamment notre inquiétude quant à l’effet des messages sur les filles. C’est un effort louable. Suffisant? Non. C’est une invite à développer une conscience sociale. » (A. Mathieu)

Pour plus d’information, visiter le site web de La charte québécoise pour une image corporelle saine et diversifiée