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Sagesse des anciennes

Aînées : les « invisibles » de la société? Posons donc sur elles un regard différent.

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« Mon grand-père disait toujours… » Voilà les mots qu’emploie sur scène Boucar Diouf pour introduire, entre deux rires du public, l’une de ces grandes vérités dont il a le secret. Des mots qui n’ont rien d’anodin ni d’anecdotique. Car pour ce scientifique, conteur et humoriste, la personne aînée est détentrice d’un savoir formidable, d’une sagesse qui lui vient de sa longue suite d’expériences de vie. Dans certains pays d’Afrique, on dira même « Chaque vieillard qui meurt est une bibliothèque qui brûle ». La personne aînée est ainsi considérée comme un être de grande valeur, de qui on a fort à apprendre.

Quel rôle accordons-nous, ici, aux personnes de 65 ans et plus — un pan important de la population du Québec dont les femmes représentent près de 58 %? Avouons que, à plus d’un égard, nous en avons fait les « invisibles » de la société. Pourtant, sur scène comme à l’écran, les personnages de femmes âgées paraissent depuis peu sous un jour nouveau, bien loin des habituelles enfilades de clichés. Les médias se découvriraient-ils un nouvel attrait pour la vieillesse? À l’évidence, ils posent sur elle un regard plus nuancé, plus favorable, même.

Et si, à l’exemple de Boucar, nous faisions nôtres les mots « Ma grand-mère disait toujours »? La Gazette vous propose d’aller à la rencontre de celles qui ont envie de dire, de faire, d’être — contre vents et marées — partie prenante de cette société qui paraît donner toute l’importance au fait d’être jeune et de le rester. Car nos « grands-mères qui disaient toujours » sont peut-être aînées, mais pas pour autant séniles. Et bien que l’âge (le troisième, voire le quatrième) est le dénominateur commun de ces citoyennes à part entière, il est réducteur de les définir qu’à partir de cet attribut. Leur réalité est plutôt multiple : veuves, célibataires, mariées, lesbiennes, avec enfants, sans enfants, pauvres, riches, physiquement restreintes, pétantes de santé…

En tenant compte de ces vies plurielles, nous avons voulu traiter dans ce dossier de la question du logement. Toutes n’ont en effet pas les moyens (financiers ou physiques) de vivre en maison à la banlieue, ou en condo à la ville. Où loger alors quand on est seule, quand on est pauvre? En résidence? En logement à prix modique? Certaines s’y refusent ou s’y résignent à contrecœur. Par conséquent, il apparaît évident que l’heure est à la recherche de solutions de rechange, qu’il est plus que temps de secouer les puces au système sclérosé de l’hébergement collectif pour personnes âgées. Le concept de la Maison des Babayagas en France en France, une structure d’habitation qui comprend des logements sociaux destinés aux femmes à faibles revenus et fondée sur l’autogestion et la solidarité, pourrait bien être un modèle à suivre. Chose certaine, nous avons grand besoin de ces milieux de vie qui procurent aux personnes aînées le sentiment d’avoir encore un rôle à jouer dans cette société, de ne pas être mises au rancart.