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Le scandale des Peace Corps

Des centaines de femmes ont été violées lors de leurs missions à l’étranger.

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En plus de subir un viol, les victimes bénéficient de peu de soutien de la part de l’organisme Peace Corps pour favoriser leur processus de guérison.

L’armée américaine n’est pas la seule institution à être montrée du doigt pour son manque de transparence et son incapacité à protéger ses membres des violences sexuelles. Les Peace Corps (PC), une organisation américaine à vocation humanitaire, se sont eux aussi retrouvés au cœur d’un scandale sexuel à la suite d’un reportage diffusé à ABC News l’an dernier. La chaîne américaine révélait que des centaines de femmes se sont fait violer par des hommes issus des communautés auprès desquelles elles travaillaient lors de leurs missions à l’étranger au sein des Peace Corps. Dans le reportage, plusieurs ont même déclaré avoir été blâmées par l’organisation pour ce qui leur était arrivé, puis forcées de la quitter.

Photographie de Mm Koenen Karestan.
La psychologue clinicienne Karestan Koenen réalisera, à la demande du ministère de la Défense américain, une étude sur le traitement des victimes de violence sexuelle au sein de l’armée américaine.

En décembre 1991, Karestan Koenen, en mission au Niger, s’est fait violer par un Nigérien. Aujourd’hui âgée de 42 ans, elle fait partie des victimes qui ont témoigné devant le Congrès des États-Unis en mai dernier afin de dénoncer l’épidémie de viols au sein des Peace Corps. Elle affirme que le traitement que les Peace Corps réservent aux victimes est souvent pire que le viol lui-même. « J’ai été renvoyée aux États-Unis quelques jours après le viol. J’étais seule durant tout le trajet; personne ne m’a accompagnée. Lorsque je suis arrivée aux bureaux des Peace Corps à Washington, on m’a emmenée voir un gynécologue. Durant l’examen, il était insensible et m’a même dit d’arrêter d’être hystérique. J’ai ensuite vu une conseillère au bureau de l’inspecteur général des PC qui m’a dit : “J’en ai marre des filles qui sortent avec des hommes, vont boire et danser et qui, lorsque quelque chose arrive, appellent ça un viol.” Plus tard, lorsque j’ai voulu porter plainte contre l’homme qui m’avait violée, les PC m’ont dit que la police l’avait arrêté, mais que ce serait ma parole contre la sienne et qu’ils ne m’aideraient pas », raconte-t-elle, indignée.

Plus de 20 ans après, Mme Koenen ne comprend toujours pas l’attitude des Peace Corps envers les victimes de viol. Ce dont elle est certaine cependant, c’est que leur mauvaise gestion chronique du problème n’a fait qu’empirer la situation et entraver le processus de guérison des victimes.

Aujourd’hui psychologue clinicienne et professeure associée d’épidémiologie à l’Université Columbia à New York, Karestan Koenen se spécialise dans le traitement des victimes de traumatismes tels que le viol. Le ministère de la Défense américain l’a récemment contactée afin qu’elle réalise une étude sur le traitement des victimes de violences sexuelles au sein de l’armée américaine.