Aller directement au contenu

Contraception sous la peau

Du nouveau en matière de contraception: une méthode aussi efficace que la ligature des trompes et de surcroît réversible.

Date de publication :

Auteur路e :

Du nouveau en matière de contraception : une méthode aussi efficace que la ligature des trompes et de surcroît réversible.

Depuis l’avènement de la pilule et du stérilet, la recherche en matière de contraception a eu peu de nouveaux choix à proposer. Toutefois, le dernier venu sur le marché américain, le Norplant, devrait faire son apparition au Canada d’ici trois ans.

Ce nouveau contraceptif pour femmes se présente sous la forme de six bâtonnets flexibles, chacun de la grosseur d’une allumette, contenant une progestérone synthétique utilisée dans la pilule anticonceptionnelle. Le mécanisme d’implantation est relativement simple : la ou le médecin administre une anesthésie locale sur la face interne du bras, au-dessus du coude, fait une toute petite incision et glisse les capsules sous la peau. En moins de vingt-quatre heures, l’implant commence à agir en libérant des hormones dans l’organisme et reste actif durant cinq ans. Si l’utilisatrice change d’avis avant la fin du terme, elle n’a qu’à faire retirer les capsules pour rétablir sa fertilité en moins de quarante-huit heures.

Le Norplant prévient la grossesse par deux mécanismes différents. Il bloque l’ovulation, sans toutefois la supprimer dans tous les cas. Mais son efficacité remarquable réside dans le fait qu’il épaissit le mucus cervical prévenant toute pénétration du sperme dans l’utérus. Avec un taux d’échec de moins de 1%, il devient la plus efficace de toutes les méthodes de contraception réversible et est aussi efficace que la ligature des trompes.

Ses avantages et ses inconvénients tiennent en partie au fait que le Norplant ne contient pas d’œstrogène. Les femmes qui ne peuvent pas prendre la pilule, soit qu’elles aient une pression sanguine élevée ou des problèmes de coagulation du sang, peuvent utiliser le Norplant sous surveillance médicale. Par contre, la progestérone utilisée seule provoque des cycles menstruels irréguliers variant de trois à sept semaines et des saignements entre les règles. L’implant peut également provoquer des gains de poids, des changements d’humeur et d’autres troubles liés à la prise d’hormones. Mais comme le taux d’hormones dans l’organisme demeure beaucoup plus faible qu’avec la pilule, ces désagréments demeurent exceptionnels. Près de 50% des femmes qui ont participé aux essais ont gardé les bâtonnets pendant toute la durée de la période active de cinq ans, ce qui indique un très bon taux de satisfaction.

Malgré vingt-cinq années de recherches et les 20 000 000 $ nécessaires à sa réalisation, le Norplant n’est pas un produit de multinationale pharmaceutique. Développé par le « Population Council », un organisme international à but non lucratif, avec la collaboration de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le Fonds des Nations Unies pour les activités en matière de population (FNUAP) et la Fédération internationale pour le planning familial, ce projet laissait les experts sceptiques au tout début.

Les essais, qui se sont poursuivis durant plusieurs années, ont été effectués sur plus de 55 000 femmes dans 44 pays différents. Le Norplant a donc été testé sur des femmes de conditions sociales et d’origines ethniques et culturelles fort différentes. Il répond à un besoin réel de contraception de longue durée, ne demandant pas d’attention quotidienne. Il pourrait être particulièrement apprécié dans les pays du Tiers Monde où les conditions sociales et économiques des femmes ne favorisent pas la prise de la pilule quotidienne. Mais ses avantages mêmes pourraient bien provoquer la controverse. Aux États-Unis, on craint que les législateurs et les juges prônent cette méthode pour restreindre les droits de procréation de certaines catégories de femmes, comme les consommatrices de drogue ou celles qui sont atteintes de maladie mentale.

Selon le docteur Pierre Fugère, professeur de gynécologie et d’obstétrique à l’Université de Montréal, le Norplant ne remplacera pas les méthodes de contraception traditionnelles. Il s’adresse plutôt à celles à qui ces méthodes ne conviennent pas. Beaucoup de femmes ne tolèrent pas la pilule et le stérilet et trouvent contraignante l’utilisation du condom ou du diaphragme. Norplant offre également une possibilité intéressante à celles qui autrement opteraient pour la ligature des trompes. Malheureusement, malgré un coût abordable, il demandera un déboursé financier important lors de son acquisition (coût de base : 350 $ aux États-Unis), le rendant hors de la portée des bourses des femmes pauvres et des jeunes. Le Norplant est actuellement commercialisé dans plus d’une quinzaine de pays dont la Suède, la Chine, la Thaïlande et le Venezuela.