Aller directement au contenu

Le garagiste, mon ami?

Des tests tendent à démontrer que, lorsqu’une femme confie sa voiture au garage, elle paie souvent plus cher qu’un homme qui fait affaire avec les mêmes mécaniciens.

Date de publication :

Auteur路e :

Des tests* tendent à démontrer que, lorsqu’une femme confie sa voiture au garage, elle paie souvent plus cher qu’un homme qui fait affaire avec les mêmes mécaniciens pour un travail identique sur la même voiture. Des écarts pouvant aller jusqu’à plusieurs centaines de dollars! Peut-on faire en sorte que le monde des garages cesse de représenter une fosse aux lions pour les femmes?

En , Johanne Daly et Hélène Boyer célébraient la première année d’existence du garage dont elles sont les propriétaires et où elles travaillent comme mécaniciennes. Elles y sont entourées d’autres femmes, leurs employées et quelques stagiaires, des passionnées comme elles de moteurs et de carrosseries. Dans l’univers très masculin des voitures, La clé de contact à Anjou est un cas unique au Québec, et l’entreprise a connu en quelques semaines un achalandage qu’on ne croyait atteindre que beaucoup plus tard. Une clientèle majoritairement féminine y bénéficie d’explications, de conseils et d’un service qu’elle dit ne pas trouver ailleurs.

Chroniqueuse automobile et professeure de mécanique auprès de groupes de femmes, Johanne Daly estime qu’il est grand temps que les consommatrices s’intéressent davantage à leur voiture et à son entretien. Après tout, il s’agit d’un bien qui leur coûte une fortune tant à l’achat qu’à l’usage, et le fait de s’y connaître (un peu) amène bien des changements dans les rapports avec les garagistes.

Se faire appeler « ma p’tite madame », gober un diagnostic auquel on ne comprend rien, se voir interdire l’accès aux lieux de travail, payer parfois plus cher que le montant de l’évaluation initiale, devoir faire confiance quand la confiance n’y est pas, voilà ce dont se plaignent les automobilistes qui viennent à La clé de contact. À toutes celles-là, la garagiste en profite pour donner quelques conseils, mine de rien.

Qui d’entre nous a déjà parcouru le « Manuel du propriétaire » de sa propre voiture? C’est pourtant le point de départ, insiste Johanne Daly : chacune devrait prendre connaissance de ce document qui contient notamment le calendrier des entretiens, ainsi que d’importantes précisions sur les garanties et les pièces de la voiture. Munie de cette information de base, la cliente risque moins de se sentir en terrain inconnu lorsqu’elle arrive au garage.

« D’ailleurs, remarque Johanne Daly, rien de pire que de dire au garagiste que la voiture fait « tac » et qu’on ne s’y connaît pas en mécanique. En adoptant cette attitude, trop de femmes deviennent des cibles de choix et s’attirent des factures déraisonnables. » Même si l’on ne s’y retrouve pas dans les moteurs, on peut par exemple tenter de préciser les situations où le bruit inhabituel survient (à la chaleur, au froid, en descente, dans les virages) et de localiser son origine (roue arrière, côté droit). De cette façon, on évite d’apporter au garage une voiture entourée de mystères et de « signes de piastre ».

Autre moyen de ne pas se sentir dépossédée de son auto et de son argent : en cas de doute, rechercher un second avis sur la nature d’un problème mécanique avant d’autoriser une réparation coûteuse. On peut obtenir cette opinion d’un autre garage ou encore du Club automobile (CAA) qui offre à ses membres les services d’un centre d’inspection.

Et pourquoi pas, suggère la mécanicienne, suivre un cours d’initiation pour acquérir certains rudiments, apprivoiser des termes et le fonctionnement de l’automobile. Carburateur, alternateur, joints à rotule,

tubulures d’échappement, courroies, etc. : un jargon opaque que le « milieu » agrémente volontiers des gaskets, des switches, du starter et autres raccourcis. Selon Johanne Daly, il est étonnant de voir la somme des connaissances amassées en quelques soirées, progression qui confirme bien que la mécanique automobile n’est ni un secret de spécialiste ni un domaine exclusivement masculin…

La Loi sur la protection du consommateur : un bon moyen de défense

Et si, malgré tout, vos relations avec votre garagiste ne tournent pas rond, quels sont vos recours et quelles sont ses obligations à votre égard? Précisons d’abord que la Loi sur la protection du consommateur comporte nombre de dispositions touchant la réparation des voitures. Après avoir lu le manuel d’entretien et les contrats de garantie, il peut être intéressant de parcourir les principaux articles de cette loi pour être en mesure de faire valoir votre point de vue et de donner la réplique au garagiste si celui-ci a tendance à ne pas tenir compte de vos droits!

À ce propos, voici quelques éléments de protection qui gagnent à être connus.

  • Toute réparation d’automobile s’élevant à plus de 100 $ doit faire l’objet d’une évaluation écrite. Le document doit préciser la nature des réparations à faire, leur coût total (pièces et main-d’œuvre) et les pièces à installer en mentionnant s’il s’agit de pièces neuves, usagées ou réusinées.

  • Une fois signée par la consommatrice, cette évaluation lie les parties. D’une part, la cliente devra payer le coût des réparations qui y figurent et, d’autre part, le garagiste ne pourra réclamer une somme supérieure à celle indiquée.

  • Au moment de régler la facture, si le montant de celle-ci s’avère plus élevé que le montant indiqué sur l’évaluation écrite et si la cliente conteste ce fait, elle est en droit de reprendre sa voiture en ne s’acquittant que des frais qui figurent sur l’évaluation. Toutefois, il peut arriver que le garagiste veuille retenir le véhicule aussi longtemps qu’il n’aura pas touché la somme qu’il réclame, et ce, même si la loi lui interdit de le faire. Dans ce cas, la personne peut payer ce qui lui est demandé sans que cela signifie qu’elle renonce à ses recours. Par la suite, elle peut envoyer une mise en demeure à son garagiste pour obtenir le remboursement auquel elle considère avoir droit. En cas d’insatisfaction, la discussion se poursuit devant la Cour des petites créances.

  • En général, une réparation d’automobile est garantie pour une période de trois mois ou 5 000 kilomètres sauf si le coût des réparations est inférieur à 50 $.

  • Aussi longtemps que la voiture se trouve sous garantie, la propriétaire du véhicule n’est pas tenue de faire faire les entretiens périodiques chez son concessionnaire. Le garage qu’elle choisit doit cependant être en mesure de lui fournir une facture détaillée des travaux qui ont été exécutés.

  • L’expiration d’une garantie ne prive pas la propriétaire d’un véhicule de tout recours. La loi prévoit en effet qu’un bien qui fait l’objet d’un contrat doit pouvoir servir à un usage normal pendant une durée raisonnable. Il peut donc y avoir usure prématurée d’une pièce ou vice caché.

Pour conclure, mentionnons qu’à l’Office de la protection du consommateur on incite vivement les gens à oser se plaindre en situation de pratique commerciale malhonnête. Le jeu en vaut la chandelle, puisque, dans la majorité des cas, une simple mise en demeure appuyée sur les articles de loi pertinents conduit à une solution satisfaisante ou à un compromis acceptable. Cela dit, les femmes doivent peut-être se méfier de leur sens du compromis lorsqu’elles se mesurent à leur garagiste, à son jargon et à ses outils…

  • Ces tests, comparant le traitement réservé aux femmes et aux hommes dans les garages, ont été effectués, à de nombreuses occasions, tant par des associations de consommateurs que pour des émissions

Des lectures très utiles :

  • Office de la protection du consommateur. L’auto dépanneur, guide pratique de l’automobiliste, Montréal, , 142 p. (Collection Protégez-vous) Prix : 9,95 $
  • Office de la protection du consommateur. 120 lettres pour tout régler, Montréal, , 254 p. (Collection Protégez-vous) Prix : 12,95 $

Des organismes pour en savoir plus long sur vos droits et vos recours :

  • Association pour la protection automobile (APA) (514) APA-5555
  • Office de la protection du consommateur (OPC)

    Numéro de téléphone du bureau de l’OPC de votre région dans les pages bleues de l’annuaire.

  • Association canadienne des automobilistes (CAA)

    Siège social à Québec : (418) 624-0708

    Différents bureaux régionaux. Numéros de téléphone dans les pages blanches de l’annuaire.