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Étudiantes : mêlez-vous de vos affaires, mais mêlez-vous-en!

Ça se jase depuis plus d’un an: 2012 marquera la fin de l’accessibilité aux études postsecondaires au Québec.

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Ça se jase depuis plus d’un an :  marquera la fin de l’accessibilité aux études postsecondaires au Québec. Une hausse des droits de scolarité de 325 $ par année sera imposée, ce qui portera les frais universitaires annuels à 3 793 $ en .

Déjà, nous voyons les leaders des différentes organisations étudiantes prendre la parole pour dénoncer cette hausse historique. Cependant, l’ensemble du mouvement de contestation demeure invisible. Qui se cache derrière ces représentants? Des jeunes femmes qui tentent de défendre les droits des étudiantes, comme le comité Femmes de l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ), dont j’ai fait partie ces deux dernières années. Le public ne sait presque rien du travail de ces militantes de l’ombre. Elles ne sont pourtant pas les premières à se battre pour que les conditions de vie des étudiantes soient défendues avec sérieux. Avant même l’émergence du mouvement féministe, quelques intellectuelles avant-gardistes considéraient le droit à l’éducation comme la première condition à l’émancipation des femmes. Les luttes pour l’admissibilité des femmes aux études supérieures ont mené à de grandes victoires, aujourd’hui malheureusement insuffisantes.

À quoi bon avoir accès aux institutions universitaires si on ne peut pas payer les droits de scolarité, à moins de s’endetter de plus de 15 000 $? Je pense entre autres aux mères étudiantes – monoparentales ou non – qui doivent prendre au pied de la lettre l’expression « hypothéquer son avenir ». Et même si certaines peuvent envisager l’endettement, que faire de cette éducation de plus en plus arrimée au marché, dont la logique appauvrit continuellement les femmes?

L’histoire des mouvements féministes nous enseigne que l’égalité des sexes n’est pas à l’ordre du jour des grandes mobilisations lorsque les femmes n’assurent pas elles-mêmes la défense de leurs droits et l’amélioration de leurs conditions de vie. Pour ma part, j’ai eu tôt fait de constater que les grèves étudiantes viennent avec leur lot de sexisme, de machisme et de diverses agressions faites aux jeunes femmes par leurs pairs ainsi que par les forces policières et de sécurité privées.

Bien que, dans le milieu étudiant, des organisations comme l’ASSÉ aient des positions et des revendications féministes, dans la pratique, c’est une tout autre histoire. Je suis toujours aussi stupéfiée de constater l’éternelle remise en cause d’une analyse et de mesures féministes favorisant la participation des femmes au sein du mouvement étudiant. Pourquoi n’accorde-t-il pas la même importance à l’égalité des sexes qu’à la gratuité scolaire, principe fondamentalement féministe, à la base des revendications de l’ASSÉ? Ce n’est pas un hasard si autant de féministes désertent rapidement ce mouvement.

Lors de la grève étudiante de , les fédérations étudiantes ont bafoué le travail invisible des comités de mobilisation et des comités femmes en négociant une entente au rabais avec le gouvernement. Les problèmes qui concernent les étudiantes ont été écartés, et ce scénario risque de se reproduire si ces dernières laissent de jeunes leaders continuer de parler en leur nom. La mobilisation de l’an prochain nécessitera la participation active et démocratique de féministes dans les associations étudiantes, les comités de mobilisation et les groupes d’affinités, comme le collectif Force étudiante critique. Combattre la hausse des droits de scolarité, c’est aussi se battre pour l’égalité des sexes. Et personne ne s’en chargera mieux que les étudiantes.