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Quand pacifiste et féministe ne font qu’une

À 80 ans, la féministe italienne Lidia Menapace demeure de tous les combats, particulièrement ceux pour la paix.

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À 80 ans, la féministe italienne Lidia Menapace demeure de tous les combats, particulièrement ceux pour la paix. Résistante non armée contre le fascisme durant la guerre, cofondatrice du quotidien de gauche Il Manifesto, elle agit aujourd’hui comme porteparole de l’organisme Donne contro le guerre (« Femmes contre les guerres »). Elle était récemment de passage au Québec.

Êtes-vous d’abord une féministe ou une pacifiste ?

Les deux! Il est impossible de dissocier l’une de l’autre.

Diriez-vous que le mouvement des femmes est au cœur de celui pour la paix ?

Bien que le mouvement pour la paix soit mixte, les femmes y jouent un rôle important. Beaucoup d’entre elles sont des porte-parole ou dirigent des sections du mouvement. De plus, la réflexion pacifique vient d’abord des femmes. La guerre n’est pas naturelle. Elle est politique, culturelle, économique… Le concept s’est développé dans un univers masculin. Avec le service militaire obligatoire chez les hommes [en Italie comme dans d’autres pays], toute réflexion critique sur le militarisme devient marginale. D’ailleurs, le langage militaire et politique est le même : on parle de stratégies et de tactiques ! Historiquement, les femmes ont toujours été plus ou moins exclues du monde militaire et politique. Elles sont étrangères à la guerre puisqu’elles la regardent de loin et en souffrent de loin. On voit mieux avec cette distance.

Mais comment pourraient-elles prévenir les guerres ?

L’histoire enseignée est celle des vainqueurs. Du même coup, on transmet comme message que c’est avec la guerre qu’on bâtit les grandes civilisations. La culture dominante veut qu’on soit compétitif. Il est possible d’enrayer ces préjugés en transmettant des valeurs pacifiques aux enfants; et c’est encore souvent la mère qui adopte ce rôle.

Quelle est la condition de la femme aujourd’hui en Italie ?

Du point de vue juridique, il n’y a plus d’exclusion. Tout a été obtenu : la parité des salaires, l’accès aux professions et aux études. C’est au point de vue social que ça se complique. Certaines politiques du gouvernement éliminent des services publics. Tout devient plus cher : l’école, les transports, etc. Pour avoir facilement accès au travail, les femmes ont pourtant besoin de ces services. L.M.N.