Aller directement au contenu

L’avant-plan de l’arrière-scène

Même si son métier n’exige qu’une formation technique au collégial, la jeune femme fait un baccalauréat en génie électrique à l’Université Laval et une maîtrise en production de théâtre en Angleterre.

Date de publication :

Auteur路e :

Caroline Couture-Trudel est directrice technique au Théâtre du Capitole à Québec. Elle s’assure que le show se déroule sans accroc et dirige régulièrement des équipes d’une trentaine de gars. Cheffe des coulisses, elle gère le transport et l’installation du matériel de scène, le montage des décors, la sonorisation, l’éclairage. Un monde d’hommes surtout, explique-t-elle, souvent associé à la force des biceps : « Généralement, les filles vont plus volontiers du côté de la création et de la conception. Pour ma part, j’exécute les plans des designers de scène en plus d’agir comme conseillère auprès des groupes en tournée. » Pas tout à fait 30 ans et près de 15 années d’expérience… La passion remonte à l’époque de ses études au Collège Jésus-Marie, près de Québec. Le personnel enseignant encourage la participation des élèves à l’organisation technique des spectacles présentés à l’école, à la salle Dina-Bélanger. Des artistes professionnels, près de 150 représentations par année : « Je faisais du 20 heures par semaine. Les religieuses me conseillaient parfois de retourner dans mes livres. » Inscrite en sciences au cégep de Sainte-Foy, l’étudiante intègre le comité de spectacle rattaché à la salle Albert-Rousseau. L’équipe est souvent appelée en renfort ailleurs. Un de ses premiers contrats conduit Caroline au spectacle de David Bowie au Colisée : du haut de ses 18 ans, elle s’insère parmi 70 techniciens de scène aguerris, sceptiques face à la « petite nouvelle ». Même si son métier n’exige qu’une formation technique au collégial, la jeune femme fait un baccalauréat en génie électrique à l’Université Laval et une maîtrise en production de théâtre en Angleterre. Elle tire de ses diplômes une assurance tranquille : même de nos jours, s’étonne-t-elle, des producteurs sont parfois inquiets d’avoir affaire à une femme. « Alors, au besoin, je les rassure en leur disant que je suis aussi ingénieure. L’effet est instantané. » Après ses études, elle séjourne en Floride durant un an avec le Cirque du Soleil. Il lui arrive alors d’actionner jusqu’à 25 moteurs en même temps pour hisser les acrobates sous le ciel du chapiteau! De retour à Québec, on lui propose la direction technique du Capitole, soit un cabaret de près de 600 places et une salle qui en contient le double. Au fait, comment arrive-t-on à prendre les commandes dans un milieu masculin? « Curieusement, en tant que technicienne, tu es vite repérée si tu te débrouilles et que tu fonces. Avec le temps, tu deviens cheffe d’équipe. Puis un producteur te demande de prendre en charge un spectacle d’été. Le reste s’enchaîne. » Des atouts : une bonne dose de leadership, répondre rapidement à la commande, ne pas craindre les travaux dans les échafaudages, s’adapter aux déplacements constants et aux horaires irréguliers. Utile de connaître l’anglais. Les débouchés? Le monde du spectacle serait particulièrement ouvert. Les statistiques des cégeps le confirment : 95 % des diplômés de 1999-2000 travaillent dans leur domaine. Par ailleurs, d’après Valérie Rhême de l’École nationale de théâtre, la place des femmes s’accroît progressivement à la direction technique, et la multiplication des méga-événements, du genre Cheval-Théâtre et festivals divers, augmente les possibilités. Prochaine étape pour Caroline Couture-Trudel : le cirque Éos, à Québec, où elle vient d’être nommée directrice opération-tournée. Elle y assume aussi la gestion du personnel et des budgets. Éos est la déesse de l’aurore, et l’aube d’une autre carrière se dessine!

Suivez le guide

Pas de parcours unique vers la direction technique de scène, mais on fait souvent ses premières armes comme technicienne. La formation collégiale de trois ans en Théâtre-Production se donne aux cégeps de Saint-Hyacinthe, Lionel-Groulx (Sainte-Thérèse) et John Abbott (Sainte-Anne-de-Bellevue). L’École nationale de théâtre, à Montréal, offre un programme de trois ans pour accéder à des postes de direction dès la sortie. Également à Montréal, l’École du Show Business propose une formation technique accélérée d’un an. Les pronostics d’emploi sont excellents et, à ses débuts, une technicienne touche un salaire hebdomadaire moyen de 575 $. La rémunération pour la direction technique d’une salle de spectacle varie selon l’importance de l’établissement ou de l’organisme : entre 40 000 $ et 50 000 $ au Théâtre du Capitole.