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VIH : l’angoisse des mères

« Les mères atteintes du VIH sont hantées par la peur de laisser derrière elles des enfants seuls au monde. Elles en développent d’ailleurs l’obsession de rester en santé à tout prix ! Mais le stress constant qu’elles ressentent face à l’avenir est précisément un facteur important de progression de la maladie. »

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« Les mères atteintes du VIH sont hantées par la peur de laisser derrière elles des enfants seuls au monde. Elles en développent d’ailleurs l’obsession de rester en santé à tout prix ! Mais le stress constant qu’elles ressentent face à l’avenir est précisément un facteur important de progression de la maladie. »

Glenda Schœl, psychologue au CLSC Métro, à Montréal, intervient auprès de mères séropositives. Elle constate que ces femmes vivent non seulement les assauts du virus, mais aussi l’angoisse quotidienne de la mort, conjuguée à la crainte de la rumeur parce que le sida reste un tabou. De plus, une majorité d’entre elles sont isolées parce que monoparentales et démunies financièrement. Et, pour ajouter au désarroi, certaines subissent le rejet de leur communauté culturelle.

Pour les aider à prendre soin d’elles-mêmes et leur permettre d’échanger avec des mères dans la même situation, le Centre d’intervention sida du CLSC Métro forme des groupes de soutien psychologique. Les participantes y abordent des questions omniprésentes dans leur existence. Doit-on dissimuler la vérité aux enfants ? Comment vivre avec le poids du secret ? Comment organiser le quotidien? Quelles sont les ressources d’aide ?

Dans la même optique, le Centre de ressources et d’intervention en santé et sexualité (CRISS), également à Montréal, réunit cinq à dix mères séropositives chaque dimanche, autour du repas du midi. Les discussions portent notamment sur la sexualité, les peurs liées à la maladie, la vie familiale. Un service de transport et de garderie est prévu. L’animatrice responsable est elle-même atteinte du virus (et demande ici l’anonymat, preuve que les victimes du VIH hésitent à se montrer au grand jour). Elle partage avec ses invitées le souvenir du choc rattaché au diagnostic. « Quand tu apprends ça, tu n’as qu’une envie : parler à une femme à qui il est arrivé la même chose. Au hasard des contacts au Centre, j’espère toujours qu’un réseau se créera et que chacune des mères se fera au moins une amie… »