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Maman est avocate

Avec son nouveau régime d’assurance parentale, le Barreau prend le virage famille.

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Avec son nouveau régime d’assurance parentale, le Barreau prend le virage famille. Dès janvier 2005, les avocates travailleuses autonomes pourront recevoir des prestations d’assurance parentale à la naissance d’un enfant. Le Barreau du Québec est le premier ordre professionnel en Amérique du Nord à offrir un tel programme à ses membres. Son but ? Encourager les femmes à demeurer dans la profession. C’est en avril 2004 que les avocats commenceront à cotiser à ce tout nouveau régime. Le Barreau du Québec compte près de 20 000 membres, dont 44 % sont des femmes; d’ici sept ans, ce pourcentage passera à 60 %. Un programme d’assurance parentale s’imposait donc, explique Claude G. Leduc, qui était bâtonnier du Québec lors de l’élaboration du projet. « Au départ, certains affirmaient que ce n’était pas au Barreau d’offrir une telle mesure. Par contre, plusieurs jeunes avocates nous ont dit qu’elles étaient très heureuses qu’on pense enfin à leurs besoins. » Présentement, celles qui prennent un congé de maternité le défraient en entier. Bientôt, la nouvelle maman recevra un soutien financier pouvant aller jusqu’à 1 500 $ par mois, pendant un maximum de trois mois. Il faut noter que cette assistance parentale n’est pas un régime de remplacement du revenu (privilège des salariées), mais une aide compensatoire pour les frais d’exploitation d’un cabinet, c’est-à-dire pour payer le coût du loyer ou encore maintenir une secrétaire en place. Afin de rendre ce projet viable, chaque membre du Barreau devra débourser 30 $ par année, en plus des frais d’adhésion à l’ordre, qui varient entre 700 $ et 1 000 $. Bien que les avocates salariées bénéficient d’un congé parental pouvant atteindre un an, Sophie Gauthier, jeune avocate de Québec, croit qu’il serait difficile d’offrir plus de trois mois aux travailleuses autonomes. « Le temps d’arrêt de travail n’est pas suffisant », admet cette maman d’une petite fille de 2 ans et demi. « Cependant, il est compréhensible que le congé de maternité soit bref, vu la nature même du statut de travailleur autonome, qui nécessite une présence sur le marché du travail si on veut produire des revenus. Le Barreau pourrait toutefois bonifier le montant de 1 500 $ plus tard, si c’est possible financièrement. » Il n’y a pas que les avocates qui pourront recourir à ce nouveau programme. Le Barreau a aussi pensé aux hommes, qui auront droit à un congé d’un mois. Mais, selon Sophie Gauthier, les pères ne seront pas légion à s’en prévaloir. « Pour avoir droit aux prestations, ils devront arrêter leurs activités professionnelles durant un mois complet. Les nouvelles mamans, elles, pourront recommencer à travailler à temps partiel durant leurs mois de congé et bénéficier tout de même de l’assurance parentale. » Dès la première année, le nouveau régime pourrait soutenir jusqu’à 100 membres. Est-ce qu’il revalorisera la famille auprès des praticiennes du droit ? Claude G. Leduc ne se fait pas d’illusion. « Ce programme n’est pas conçu pour inciter les avocates à avoir des enfants, mais pour les retenir dans la profession. Auparavant, plusieurs quittaient leur travail lorsqu’elles avaient des bébés. » Même son de cloche du côté de Sophie Gauthier. « Malgré que le nouveau régime permette aux travailleuses autonomes de vivre avec plus de sérénité la venue d’un bébé, les effets sur la pratique restent trop considérables pour que je puisse me permettre d’avoir un deuxième enfant. »