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Où sont nos élues?

Au Canada, la gestion municipale reste une affaire d’hommes, selon une enquête de la Fédération canadienne des municipalités (FCM).

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Au Canada, la gestion municipale reste une affaire d’hommes, selon une enquête de la Fédération canadienne des municipalités (FCM). Les chiffres sont accablants: globalement, les villes du Canada comptent seulement 21,7 % d’élues. Soit largement moins qu’au Costa Rica (73 %), au Chili (48 %), en Suède (42 %), en Bolivie (34 %), en Finlande (31 %), au Ghana (30 %), en Afrique du Sud (29 %) et au Royaume-Uni (27 %), selon une enquête de l’Union internationale des villes et pouvoirs locaux! À la suite d’un sondage auprès de 152 municipalités, la FCM a déterminé que 14 % des villes du Canada n’ont aucune élue et que 32 % n’en comptent qu’une. Seuls 13 % des conseils municipaux comptent au moins autant de femmes que d’hommes parmi leurs membres. Quant aux femmes des minorités visibles, aux immigrantes et aux handicapées, elles ne représentent chacune qu’un maigre 1 % de tous les élus.

La FCM a mené une étude plus approfondie sur la participation des femmes aux décisions municipales dans six villes à travers le pays. À Cowichan Valley, Saskatoon, Halifax, Iqaluit, Thunder Bay et Montréal, l’équipe de recherche du Centre international pour le développement municipal mis sur pied par la FCM a rencontré élus et élues et analysé les modes de participation municipale dans le but d’identifier des pistes d’action. Elle a aussi interrogé une vingtaine de groupes de femmes à travers le pays. Parmi les principaux obstacles freinant la participation féminine dans les instances municipales, on note le peu d’échanges entre municipalités et groupes de femmes, le manque de temps attribuable au travail et aux responsabilités familiales, l’insuffisance d’aide concrète pouvant faciliter l’implication des femmes (garderie, transport, horaire des réunions, etc.), ainsi que le peu de programmes visant à encourager leur insertion dans les instances municipales. Elles-mêmes ne se tournent pas spontanément vers l’action municipale, car elles ont souvent l’impression qu’elles peuvent être plus efficaces et avoir davantage de pouvoir par le biais d’autres instances. Les Inuites, elles, trouvent que le système municipal ne reflète pas leurs valeurs et traditions.

Pourtant, les municipalités, les citoyennes et les organisations féminines reconnaissent toutes que la participation active des femmes est avantageuse pour les communautés. Et il existe des solutions. Ainsi, selon la FCM, la mise en place de processus de consultation municipale efficaces semble attirer les femmes: quand les citoyennes se sentent entendues, elles ont plus tendance à vouloir s’impliquer. Les programmes de mentorat, la formation et la promotion de modèles se sont aussi avérés efficaces. On rapporte ainsi quelques bons coups de municipalités et de groupes de femmes, tels que le projet One woman one vote[En anglais] du YWCA d’Edmonton ou les séminaires du Congrès des électrices canadiennes. Le Québec, où les villes se sont montrées plus proactives qu’ailleurs, fait figure de modèle. Depuis 2000, par exemple, le Réseau des élues municipales de la Montérégie regroupe la totalité des mairesses et des conseillères de cette région, forme et soutient les candidates et les élues et collabore avec des associations de municipalités pour augmenter le nombre de femmes sur la scène politique municipale.