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Cap sur les élections 2005

Un véritable front commun a pris forme au printemps dernier afin d’augmenter le nombre de candidates et d’élues aux élections municipales de novembre 2005.

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Un véritable front commun a pris forme au printemps dernier afin d’augmenter le nombre de candidates et d’élues aux élections municipales de . L’occasion est belle : pour la première fois, ces élections se tiendront en même temps partout au Québec. Mais c’est encore et toujours l’état de la situation qui commande la mobilisation : le Québec compte à peine 11 % de mairesses et 24 % de conseillères municipales. Groupes de femmes, ministères et organismes, associations de municipalités mettent donc une épaule, diversifiée mais concertée, à la roue d’une meilleure représentation.

À la demande de l’Union des municipalités du Québec (UMQ), le ministère des Affaires municipales, du Sport et du Loisir (MAMSL) a créé la Table des partenaires–Femmes et politique municipale. Neuf organismes y siègent avec entre autres objectifs de mettre en commun les actions prévues à la grandeur du Québec. Et elles sont légion.

Le MAMSL lui-même mènera une campagne nationale de promotion et de soutien à la présence accrue des femmes. L’Union des municipalités du Québec a adopté le plan d’action Femmes et gouvernance locale, dont un comité d’élues assure la réalisation. En , la Fédération québécoise des municipalités (FQM) offrait aux femmes l’admission gratuite à son congrès, le temps d’un atelier sur la gouvernance. Une étape dans la volonté de la FQM de susciter et de soutenir des candidatures féminines.

D’un plan d’action à l’autre, des mots clés martèlent le message : sensibilisation, formation, réseautage, mentorat. Des exemples d’application? Le ministre des Affaires municipales, le président de l’UMQ et celui de la FQM ont écrit récemment aux partis politiques municipaux, aux maires, aux mairesses et aux conseils pour leur rappeler leurs responsabilités en matière d’équité de représentation, faisant référence notamment aux femmes et aux jeunes. La Table des partenaires encourage ses membres à mettre sur pied des programmes de marrainage par lesquels des politiciennes municipales d’expérience invitent des candidates potentielles à un souper-conférence ou les accompagnent dans leur parcours politique, à la manière d’un mentor. « Que des élues sollicitent d’autres femmes en leur disant qu’elles sont capables, c’est encore la meilleure façon de recruter des candidates », reconnaît Louise Houde, responsable de la condition féminine au ministère des Affaires municipales. « Les femmes ont trop souvent l’impression de ne pas avoir les compétences pour se présenter en politique. » De son côté, le Directeur général des élections du Québec devrait dispenser dans les prochains mois de la formation sur la loi électorale et sur le financement et le contrôle des dépenses, aspects essentiels mais un peu rébarbatifs d’une campagne électorale.

Dans les régions, l’effervescence est palpable. Ce n’est pas d’hier que les organisations de femmes se préoccupent et s’occupent de leur degré de participation à la chose publique, soutenues notamment par le programme d’aide financière À égalité pour décider du Secrétariat à la condition féminine et par le Programme de promotion de la femme de Condition féminine Canada. Mais en , l’ardeur des troupes a été fouettée par un coup dur. En remplaçant les conseils régionaux de développement (CRD) par des conférences régionales des élus (CRÉ), la Loi sur le ministère du Développement économique et régional et de la Recherche (projet de loi 34) a fait baisser la proportion de femmes de 31 % à 27 %. Dans certaines régions, la baisse a été dramatique, comme en Outaouais où la représentation féminine est passée de 42 % à 23 %. C’est la composition même des CRÉ qui est en cause. Les deux tiers de leurs membres sont des élus, postes majoritairement occupés par des hommes. Le tiers restant est réservé à des organismes du milieu, une réduction du rôle attribué à la société civile qui avait permis aux femmes de se maintenir en relative bonne position du temps des CRD. « Ce nouveau partage du pouvoir défavorise les femmes, déplore Lyse Frenette, du bureau du Conseil du statut de la femme en Montérégie. Se faire élire, c’est donc une manière de récupérer le pouvoir perdu. »

D’ici , il sera donc bien difficile de ne pas être rejointe par l’un ou l’autre des dizaines de projets déjà ou bientôt en marche. Aux activités plus traditionnelles que sont les colloques, ateliers, conférences, banques de candidates, rencontres de réseautage s’ajoutent des tournées de conseils municipaux, des lignes téléphoniques de soutien, des émissions télévisées, des prix pour les municipalités plus ouvertes à la présence des femmes, etc. Le Réseau des élues municipales de la Montérégie (REMM) a publié en deux guides, l’un portant sur la façon d’implanter un comité Femmes et ville, l’autre sur l’administration équitable d’une municipalité. « Plus le milieu sera accueillant pour les femmes, plus elles s’y impliqueront de façon spontanée », croit Kim Cornelissen, coordonnatrice de ce réseau. Pour sa part, le groupe Femmes, politique et démocratie de Québec présentera en prochain, en collaboration avec l’École nationale d’administration publique de Québec, la deuxième édition de l’École d’été, une formation sur mesure à l’intention d’aspirantes candidates. En Chaudière-Appalaches, le Réseau des groupes de femmes vise à recruter au moins une nouvelle candidate par municipalité : au total, 136 conseils dont certains ne comprennent actuellement aucune femme. La CRÉ mettra 10 000 $ dans l’opération et fera partager par ses membres sa préoccupation à l’égard du présent déficit démocratique.

L’information circulant, la panoplie d’outils et de bonnes idées réalisées par les unes et les autres serviront aux unes et aux autres, grâce notamment aux sites Internet du MAMSL, de l’UMQ et de la FQM.

Dans Une place pour moi, Lévisienne, brochure concoctée par le groupe Femmes d’influences de Lévis, la candidate municipale Elva Gagné, personnage fictif, gagne effectivement ses élections. Dans la vraie vie, peut-on être optimiste pour les élections de ? « Certainement ! lance Kim Cornelissen. Mais il ne faudrait surtout pas se décourager si le nombre de femmes n’augmente pas dès l’an prochain. Nos efforts devraient vraiment porter fruit en . » Encore un peu de patience… Et sinon comme candidates, les citoyennes sont appelées à être informées, vigilantes et actives au cours des prochains mois : c’est souvent par là que ça commence!

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