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Le b.a.-ba de l’égalité

L’égalité entre les sexes est l’affaire de toutes les Québécoises… et de tous les Québécois, fait valoir Carole Théberge. La ministre explique les points majeurs de la nouvelle politique gouvernementale en la matière.

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L’égalité entre les sexes est l’affaire de toutes les Québécoises… et de tous les Québécois, fait valoir Carole Théberge. La ministre explique les points majeurs de la nouvelle politique gouvernementale en la matière.

Le gouvernement de Jean Charest s’est doté d’une nouvelle politique pour l’égalité avant Noël. Pour la première fois au Québec, le respect des droits des femmes, l’élimination de la discrimination systémique ainsi que l’atteinte de l’égalité entre les femmes et les hommes sont inscrits dans la mission d’un ministère. « Ça prend une société mature pour déposer une politique d’égalité », fait fièrement remarquer Carole Théberge. La ministre de la Famille, des Aînés et de la Condition féminine part en tournée dans les régions afin de présenter la mécanique de Pour que l’égalité de droit devienne une égalité de fait, qui guidera le Québec pendant 10 ans.

« Il faut que tout le monde se sente impliqué dans cette politique », insiste Carole Théberge. Dès 2008, l’État compte remettre des prix récompensant les personnes et les organismes qui font progresser l’égalité. Mais surtout, il espère décupler sa puissance en s’alliant à d’autres institutions qui peuvent jouer un rôle en la matière. Par exemple, il encouragera les conférences régionales des élus, les universités et les villes à mener des actions concrètes en ce sens. Utopie ? « Nos partenaires sont prêts parce qu’il y a des besoins, garantit la ministre. Prenez la conciliation travail-famille : il y a cinq ans, c’était un concept très vague pour les gens. Aujourd’hui, les entreprises ont besoin de main-d’œuvre et elles réalisent qu’il faut faire des efforts pour l’attirer et la conserver. »

La nouvelle politique se dote d’un cadre durable en réaffirmant le mandat du Conseil du statut de la femme et du Secrétariat à la condition féminine. Quelque 25 ministères et organismes se sont engagés dans le plan d’action. Et, très important, les responsables des mesures seront soumis à une reddition de comptes étroite. Du jamais vu ! Une commission parlementaire siégera tous les trois ans pour vérifier si le Québec progresse vers son idéal d’égalité. « L’égalité entre dans notre logistique et nous pourrons très bien suivre le dossier », résume la ministre.

De 2007 à 2010, 24 M $ seront investis dans la politique de l’égalité. Cet argent neuf s’ajoute à d’autres budgets existants, comme les 65 M $ du Plan d’action en matière de violence conjugale et les 5,8 M $ accordés aux entrepreneures par le gouvernement durant la période 2001-2006.

Pour s’assurer que la pratique suive la théorie, l’analyse différenciée selon les sexes (ADS) s’avère un instrument clé de la gouvernance. Cette approche de gestion permet de connaître les effets d’une mesure sur les femmes et les hommes. Elle peut rectifier une situation injuste, voire la prévenir. Un exemple concret ? Grâce à l’ADS, la Commission sur la santé et la sécurité au travail (CSST) a découvert que le ceinturon à la taille, qui loge l’arme de service, affecte différemment les policiers et leurs consœurs. Trop lourd, il occasionnait davantage de lésions professionnelles chez les policières. Les autorités ont revu la composition et le contenu du ceinturon, sans pour autant affecter la sécurité. Résultat : les blessures et le taux d’absentéisme ont diminué autant chez les femmes que chez les hommes !

L’État sensibilisera les décideurs à l’ADS et formera les professionnels des ministères, des organismes, des conférences régionales des élus et des grandes villes chargés d’élaborer les politiques et les programmes. « C’est un outil génial qui met en lumière les inégalités, autant pour les hommes que pour les femmes. Ça va générer un élan dans notre société », prédit Carole Théberge.

Signe des temps, la nouvelle politique s’adresse aux femmes ET aux hommes. Tout en reconnaissant la discrimination systémique qui ralentit encore les femmes, elle veut accroître l’investissement des hommes dans la sphère privée et s’attaquer à certains stéréotypes liés à la masculinité. Ainsi, elle prévoit intéresser les garçons à certains métiers non traditionnels, comme les services de garde et les soins de santé. Quant aux mesures de conciliation travail-famille, elles devront aussi aider les pères à prendre soin de leurs enfants. L’égalité des sexes, ça sert tout le monde ! « Je ne peux pas entrer dans les maisons et dire à l’homme : “À partir de maintenant, tu fais la vaisselle”, rigole la ministre. Il faut faire en sorte que la société favorise le partage des tâches. »

« Si on veut hausser le taux de natalité, il faut créer un environnement qui permette aux jeunes de faire des enfants. Que l’État offre des services, mais aussi que les entreprises implantent des mesures de conciliation travail-famille qui s’adressent autant aux hommes qu’aux femmes », lance la ministre. L’État offrira un soutien technique et financier aux compagnies désireuses de prendre le virage conciliation travail-famille. Il instaurera un Label Égalité, sceau de qualité dont les entreprises pourront se prévaloir si elles respectent certains standards en matière d’égalité entre les femmes et les hommes. Il créera aussi un Prix Reconnaissance Famille pour récompenser celles qui implantent de bonnes pratiques.

Parmi les 24 M $ consacrés au plan d’action, l’État en investira 6,9 annuellement à pousser les Québécoises vers l’« égalité économique » — soit à relever leur compte en banque au niveau de celui des Québécois. Le gouvernement dotera plusieurs régions d’un organisme de soutien aux entrepreneures (dont le Nord-du-Québec, où bien des femmes autochtones rêvent de repousser la misère). Il gonflera aussi les budgets pour l’accès à l’emploi des femmes immigrantes ou défavorisées. « Quand les femmes jouissent d’une indépendance financière accrue, la violence diminue, parce qu’elles y sont moins vulnérables, la vie familiale s’améliore et les jeunes ont de meilleurs modèles », résume Carole Théberge.