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Première au poste

En prenant la tête du Parti québécois le eroctobre 2007, Pauline Marois est devenue la première Québécoise élue chef d’un parti politique.

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En prenant la tête du Parti québécois le , Pauline Marois est devenue la première Québécoise élue chef d’un parti politique. Elle est alors entrée à l’Assemblée nationale à titre de députée de Charlevoix et de chef du deuxième groupe d’opposition. Cette politicienne à la feuille de route impressionnante avait auparavant occupé les fonctions de ministre de l’Éducation, de la Santé et des Finances, pour ne nommer que celles-là. Aujourd’hui, elle pourrait théoriquement devenir première ministre du Québec. La Gazette des femmes l’a rencontrée pour échanger sur sa vision des choses.

En quoi considérez-vous qu’une première ministre serait un atout pour les Québécoises?

Les femmes se préoccupent de choses différentes par rapport à la vie quotidienne. On a un plus grand souci des besoins des personnes. Chez moi, ça se traduit par une expression que j’utilise de plus en plus : « Prendre soin des gens, prendre soin de notre monde. » Est-ce parce que je suis une femme, est-ce lié à mon expérience ou à mon engagement féministe? Un peu de tout ça, sans doute. Je suis une femme qui prend fait et cause en faveur de la reconnaissance de l’égalité entre les femmes et les hommes. Je crois d’ailleurs qu’il faudrait autant de femmes que d’hommes au sein de la députation, comme c’est le cas maintenant au Conseil des ministres. On pourrait ainsi représenter un poids suffisant pour faire pencher la balance positivement du côté des femmes.

Le gouvernement du Québec a fait beaucoup pour favoriser la famille ces dernières années, avec la création de son congé parental et de son programme de services de garde. Sauf qu’on estime qu’il manque toujours 20 000 places en services de garde pour répondre aux besoins des parents. Quelle serait votre stratégie pour compléter le réseau?

Mon échéancier serait très court, car la priorité des priorités, c’est de compléter le réseau de la petite enfance. Le gouvernement actuel s’est donné cinq ans pour le faire et n’a ajouté, tout compte fait, que 800 places cette année.

Certaines études évaluent que 50 % des emplois pourraient être atypiques en , une catégorie en constante augmentation. L’État peut-il intervenir pour protéger les travailleuses et les travailleurs confrontés à ce problème?

On pourrait le faire comme on a tenu compte de la situation des travailleurs et travailleuses autonomes quand le gouvernement a mis en place le congé parental. Dans ce cas-ci, il faudrait peut-être revoir la Loi sur les normes du travail. Je n’ai aucune objection à ouvrir cette porte-là.

Plusieurs enquêtes réalisées auprès de parents montrent que le principal irritant dans leur vie quotidienne est le manque de temps. Le gouvernement peut-il influencer les entreprises concernant les mesures de conciliation travail-famille?

Je pense qu’on peut le faire en les associant à la démarche. Quand le PQ était au pouvoir, on avait tenu un sommet sur la famille auquel on avait convié les grands partenaires, dont les différents représentants du milieu du travail. On avait alors tous convenu que chacun avait avantage à adopter des mesures pour soutenir la famille. Malheureusement, le gouvernement actuel a mis de côté cette approche de concertation.

Les femmes sont maintenant aussi présentes que les hommes sur le marché du travail, mais leurs salaires sont toujours inférieurs. De plus, la majorité des employés payés au salaire minimum sont des femmes. Quelles solutions favorisez-vous pour améliorer la situation économique des Québécoises?

Première chose, je crois que la Loi sur l’équité salariale va finir par avoir son impact, par donner des résultats. Parfois, il faut être patient. Ensuite, il faut continuer à inciter les filles à se tourner vers des métiers où elles ne sont pas présentes traditionnellement. En ce sens, il faut continuer à multiplier les initiatives comme Chapeau, les filles?! du ministère de l’Éducation et toutes les activités menées par les groupes de femmes qui pour­suivent cet objectif. Il faut aussi encourager les filles à aller vers des formations plus qualifiantes, vers des emplois qui donnent une bonne rémunération. Pour ce qui est du salaire minimum, je crois que l’on peut l’arrimer au salaire industriel moyen et le faire progresser au même rythme.

On suit toujours attentivement le parcours d’une femme en politique, surtout quand elle veut obtenir un poste de première ministre ou de présidente. On a vu comment s’est déroulée la campagne de Ségolène Royal en France. Comment entrevoyez-vous votre prochaine campagne électorale?

On appréhende toujours un peu les campagnes, c’est normal. Je crois cependant que le Québec est une des sociétés les plus progressistes en matière d’égalité dans le monde développé. C’est pourquoi je fais confiance aux Québécoises et aux Québécois, à leur maturité et à leur capacité d’évaluer les candidates et les candidats en fonction de leurs qualités et de leur expérience.

Faites-vous autant confiance aux médias?

Je vis avec (rires). Il y a eu des embûches dans ma vie, beaucoup. Mais en revenant en politique, j’ai décidé d’être la plus claire possible dans mes orientations, de ne pas m’inventer un personnage. Je suis comme je suis et j’offre le meilleur de moi-même.

Extrait de l’autobiographie de Pauline Marois

« Nous menions donc, mon mari et moi, une vie plus qu’active. Nous avons quand même décidé d’avoir un troisième enfant, François-Christophe, qui vint embellir notre existence le . Deux mois plus tard, nous déménagions dans le comté de La Peltrie que je représentais à l’Assemblée nationale, à Saint-Augustin-de-Desmaures, dans une demeure que nous avions conçue avec nos amis Claude Plante et Émile Gilbert. Il est certain que si j’ai pu mener une carrière politique et avoir des enfants, c’est que — héritage de mes parents sans nul doute — j’ai une grande résistance physique et une grande capacité de récupération. C’est aussi parce que mon mari et moi avons développé très tôt l’habitude de partager les tâches domestiques. […] Cela dit, comme toutes les mères qui travaillent à l’extérieur — je n’ai pas honte de l’avouer –, j’étais régulièrement assaillie par les remords et par un sentiment de culpabilité. »
Pauline Marois, Québécoise?!, Fides, , 264 p.