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Héroïnes des casernes

Femmes des casernes : un documentaire percutant sur ces amazones de la lutte contre l’incendie!

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Bandeau :Photo principale : © Shootfilms

Pendant trois ans, la caméra de la réalisatrice Louise Leroux s’est invitée dans la vie d’amazones de la lutte contre l’incendie. Tourné à Montréal, Femmes des casernes s’approprie l’univers masculin des pompiers pour en faire un film d’action… au féminin.

Au moment de s’attaquer à un documentaire sur les pompiers, Louise Leroux s’imagine suivre le processus initiatique de jeunes hommes. Pourtant, ce qui la frappe lors de sa première visite dans un centre de formation, ce ne sont pas les 138 gars venus faire leurs classes. Elle remarque plutôt les deux seules femmes présentes dans la salle. Entourées d’une marée de testostérone, elles font exception. « J’ai senti que je tenais mon sujet : ces filles devaient avoir un caractère bien trempé pour oser affronter une horde de mâles. C’est à ce moment précis que j’ai décidé d’en faire les héroïnes de mon film. »

« Leur réalité est assez simple : elles n’ont pas droit à l’erreur. Ces pompières portent la réputation de toutes les femmes sur leurs épaules. »

– Louise Leroux

Pendant trois ans, la réalisatrice explore le quotidien de deux pompières d’expérience de la ville de Montréal. En parallèle, elle filme les efforts déployés par deux recrues déterminées à se frayer un chemin dans ce milieu traditionnellement masculin. Résultat : un documentaire haletant qui amène le public en terrain miné. On y découvre un ordinaire fait de défis physiques et d’émotions, empreint du désir profond de prouver que les femmes ont leur place dans les casernes.

Pas le doit à l’erreur

Exposition photographique « On est ensemble »

Mélanie Drainville, lieutenant intérimaire et première répondante au Service de sécurité incendie de Montréal (7 ans de service), et la réalisatrice Louise Leroux pendant le tournage

« Leur réalité est assez simple : elles n’ont pas droit à l’erreur, résume la cinéaste. Ces pompières portent la réputation de toutes les femmes sur leurs épaules. » Elle avoue n’avoir d’abord elle-même pas été convaincue de leurs capacités à embrasser une telle profession. Louise Leroux a toutefois vite réalisé que les femmes étaient capables des mêmes prouesses que leurs collègues masculins. Tant physiques que mentales. « En vivant, dormant et mangeant aux côtés des deux pompières que j’ai suivies, j’ai observé l’ampleur de la tâche et l’extraordinaire empathie dont font preuve toutes ces personnes qui côtoient la misère humaine au quotidien. »

Cette proximité lui permet également de constater le respect, sans doute gagné avec le temps, qui règne dans les casernes. « Je n’ai pas voulu évoquer les débats qui fleurissent régulièrement dans les médias sur les cas de harcèlement ou d’intimidation. Ce n’était pas le propos de ce film. Ce qui m’importait, c’était de me mettre au plus près de leur réalité pour montrer que les femmes y ont leur place. »

Aujourd’hui, à Montréal, 31 pompières exercent leur métier. « Elles gagnent petit à petit du terrain. Cela nécessitera cependant de longues années avant qu’elles soient plus nombreuses. Ce qui compte avant tout c’est d’affirmer haut et fort qu’elles doivent absolument prendre leur place. Cela passe par une sensibilisation des nouvelles recrues masculines, car c’est par l’éducation que les choses vont évoluer. » Quant aux tests physiques d’admission dans les centres de formation, s’ils sont effectivement corsés, ils ne sont pas insurmontables. « Si on les rendait plus faciles pour les filles, elles perdraient leur crédibilité. Il n’est donc pas question de les changer, mais de bien préparer les aspirantes. »

Chose certaine, la situation évolue positivement En grande partie grâce à l’incroyable travail de l’enseignante en Techniques de sécurité incendie et créatrice du projet Les filles ont le feu sacré!, Anik St-Pierre. Comme le relate le film, elle s’est lancée avec succès dans une véritable croisade pour ouvrir les casernes aux filles. En 2019, 25 jeunes femmes ont choisi cette carrière. Du jamais vu au Québec ! « Les choses évoluent, lentement mais sûrement. Il n’y aura sans doute jamais autant de pompières que de pompiers, et ce n’est d’ailleurs pas le but, mais au moins il y en aura davantage! »

Femmes des casernes sera présenté à Montréal en première le à 18 h au Cinéma Quartier Latin dans le cadre des Rendez-vous Québec Cinéma, puis le au Cinéma Beaubien à l’occasion de la Journée internationale des femmes. Il prendra ensuite l’affiche au Cinéma du Musée dès le .