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À un cheveu de changer le monde

Les artisanes : Diane Trépanière (photographe) entourée de Nathalie St-Germain et de Léonie Couture, directrice générale et fondatrice de La rue des femmes.

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Se sentir belle et aimée, pas facile quand on vit dans la rue. Mais une fois l’an, c’est chose possible pour celles qui fréquentent La rue des femmes. La coiffeuse Nathalie St-Germain et la photographe Diane Trépanière peuvent en témoigner : jamais mise en plis n’aura été si bénéfique.

Comme artiste autant que comme féministe, Diane Trépanière s’est toujours sentie en situation d’errance. « Dans le sens surtout de quête de soi, d’identité », précise-t-elle. C’est entre autres pour cette raison qu’elle a décidé de s’impliquer, dès l’an , auprès de l’organisme montréalais La rue des femmes, qui aide les femmes en état d’itinérance. Elle y a mis sur pied un atelier de photo pour celles qui viennent frapper à la porte du centre d’hébergement. « C’est mon féminisme qui m’a amenée à la photographie. Pour moi, travailler sur l’image et l’identité des femmes, c’était une façon d’être active dans la contestation. L’art contribue à déboulonner des stéréotypes, nous aide à définir nos propres territoires. C’est une reconquête de soi, une mise au monde. »

Elle a beaucoup parlé de son travail auprès de La rue des femmes à sa coiffeuse, Nathalie St-Germain, propriétaire du Salon Horizon, à Montréal. Tellement que cette dernière a décidé de faire sa part. En , elle a ouvert son salon durant deux jours aux femmes en difficulté et les a coiffées gratuitement. Diane Trépanière a proposé de prendre des photos. Voyant l’engouement suscité, Nathalie St-Germain en a fait une journée annuelle, qu’elle a baptisée Coiffer pour changer le monde. « Ces femmes entrent dans le salon avec les épaules basses et en ressortent la tête haute, transformées », déclare Diane Trépanière. Les premières années, elle n’a pu prendre que quelques photos. « Quand on n’est pas en forme et qu’on ne se sent pas bien dans sa peau, on n’aime pas nécessairement se faire photographier… »explique-t-elle. Mais au fil des ans, un lien de confiance s’est développé, et les femmes se sont laissé amadouer par sa lentille.

Livre Coiffer pour changer le monde.

Le , Coiffer pour changer le monde célébrait son 10e anniversaire. Pour marquer le coup, raconter cette merveilleuse aventure, mais aussi pour rendre hommage à Nathalie St-Germain pour son engagement, Diane Trépanière a réalisé un ouvrage composé d’autoportraits (écrits) et de portraits (photos) de clientes d’un jour, de coiffeuses, de bénévoles et de membres du personnel de La rue des femmes. Le livre regorge de témoignages de participantes qui disent à quel point elles se sentent accueillies, acceptées, valorisées, dorlotées durant cette journée qu’elles qualifient de rêve. Elles oublient leurs difficultés, reprennent confiance en elles, brisent leur isolement.

L’ouvrage a aussi des visées mobilisatrices. « En plus de dévoiler de belles femmes, de beaux caractères, il met en valeur un événement citoyen qui a commencé tout petit et qui a grandi. On espère qu’il incitera d’autres salons et maisons d’hébergement à s’associer pour que ça devienne un mouvement à l’échelle provinciale », conclut la photographe.