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Jeunes regards sur l’égalité

Comment les jeunes perçoivent-ils l’égalité entre les femmes et les hommes ? Le Groupe de travail sur les jeunes a mené une consultation pour trouver réponse à cette question.

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Comment les jeunes perçoivent-ils l’égalité entre les femmes et les hommes ? Le Groupe de travail sur les jeunes a mené une consultation pour trouver réponse à cette question. Bref survol des résultats de cette « enquête ».

Entre et , le Groupe de travail sur les jeunes du Conseil du statut de la femme a piloté une consultation auprès de jeunes Québécoises et Québécois. Des élèves du 2e cycle du secondaire, des niveaux collégial et universitaire ainsi que de jeunes adultes sur le marché du travail ont été interrogés.

L’objectif ? Connaître leur perception de l’égalité des sexes et saisir leurs préoccupations en la matière. L’information recueillie est riche en contenu et fournit des indicateurs qui permettent de rendre compte des perceptions et des préoccupations des jeunes joints par la consultation, lesquelles sont présentées dans le rapport Regards de jeunes sur l’égalité. La portée de ce document demeure toutefois exploratoire, et les résultats présentés ne visent pas la généralisation : les jeunes Québécoises et Québécois peuvent entretenir d’autres perceptions que celles formulées dans le rapport.

Dans la famille

La première perception qui domine les propos des jeunes et qui est plus manifeste dans ceux des jeunes femmes que dans ceux des jeunes hommes est que la situation est plutôt inégalitaire pour les femmes, notamment parce qu’elles assumeraient une plus large part des tâches domestiques. Toujours selon ces jeunes, la persistance des stéréotypes sexuels et sexistes ainsi que celle des rôles traditionnels au sein des familles sont deux autres sources d’inégalité encore présentes dans la société.

Parmi les répondantes et les répondants qui jugent la situation inégalitaire pour les femmes, certains évoquent également la façon dont les filles et les garçons sont éduqués et traités par leurs parents. Selon eux, les garçons bénéficient d’une plus grande liberté alors que les filles sont plus surveillées, doivent rentrer plus tôt et rendre davantage de comptes sur leurs allées et venues parce qu’elles sont considérées comme plus vulnérables

À l’école

Au sujet de l’atteinte de l’égalité des sexes durant les études, trois perceptions totalement différentes se dégagent des propos recueillis. D’abord, la plupart des jeunes estiment que l’égalité est atteinte, notamment en ce qui a trait à l’accès aux études et aux modes d’évaluation scolaire. Ils considèrent que les femmes et les hommes sont évalués de la même façon, qu’ils sont libres de choisir le domaine d’études qui leur plaît et qu’ils peuvent poursuivre des études supérieures s’ils le souhaitent.

Bien que le milieu scolaire apparaisse égalitaire pour plusieurs, certains jeunes sont d’avis que la situation est plutôt inégalitaire pour les hommes. Selon eux, l’école n’est pas conçue pour répondre aux besoins des garçons, considérant que les femmes et les hommes ont des besoins physiques et intellectuels distincts. Ils considèrent que l’école, surtout aux niveaux primaire et secondaire, est davantage conçue pour répondre aux besoins des filles et que les modèles masculins sont trop peu nombreux. Ces lacunes auraient un effet plutôt négatif sur la réussite scolaire des garçons.

D’un tout autre avis, certains jeunes jugent plutôt que l’école est inégalitaire pour les femmes. Pour illustrer cette affirmation, certaines répondantes du secondaire évoquent les pressions ressenties au sujet de leur image corporelle. Les autres jeunes qui jugent la situation inégalitaire pour les femmes, surtout ceux du cégep et de l’université, soulèvent l’idée que les femmes ont un accès plus limité aux études supérieures compte tenu des responsabilités familiales qu’elles doivent assumer.

Au travail

La perception voulant que la situation soit plutôt inégalitaire pour les femmes sur le marché du travail domine les propos. Nombreuses sont celles qui montrent du doigt les écarts salariaux, l’accès limité aux postes supérieurs et aux promotions, les difficultés à conjuguer grossesse, maternité et activité professionnelle ainsi que le manque de reconnaissance des compétences des femmes. Les jeunes hommes, quant à eux, se révèlent surtout sensibles aux écarts salariaux et à la difficulté pour les femmes d’accéder aux postes supérieurs et d’obtenir des promotions.

En politique

Les jeunes qui ont participé à la consultation ont exprimé deux perceptions quant à l’égalité femmes-hommes en politique.

La plus largement répandue veut que le monde politique demeure inégalitaire pour les femmes. Le nombre de politiciennes — par exemple, le fait que les femmes n’occupaient que 29,6 % des postes de députés de l’Assemblée nationale en  — constitue le facteur majeur d’inégalité qui retient l’attention des jeunes.

Selon la seconde perception, moins présente, l’égalité serait maintenant atteinte en politique.Cette affirmation fait principalement référence aux droits acquis pour tout citoyen québécois, à savoir le droit de voter, le droit de se présenter comme candidat ou candidate aux élections ou le droit de s’impliquer au sein d’un parti politique.

Dans les médias

Deux grandes perceptions se dégagent des propos des jeunes quant à l’image des femmes et des hommes véhiculée dans les médias. Pour beaucoup de participantes et de participants, si plusieurs médias projettent une image plutôt stéréotypée et négative des femmes, ils véhiculent une image tout aussi irréelle des hommes, mais qui n’apparaît pas nécessairement dévalorisante à tous.

D’un côté, les jeunes trouvent que plusieurs médias projettent une image stéréotypée et négative des femmes. Ces médias renforcent ainsi les stéréotypes sexuels et sexistes en proposant une image corporelle faussée des femmes (idéal de beauté et hypersexualisation) et en les réduisant à un statut de femmes-objets dont la principale fonction est de répondre aux désirs et aux besoins des hommes. Ici, les vidéoclips et les jeux vidéo font l’objet des plus grandes critiques. Au contraire, les téléromans québécois sont cités comme présentant des modèles égalitaires entre les femmes et les hommes.

Par ailleurs, plusieurs jeunes considèrent que l’image des hommes projetée par certains médias est irréelle et stéréotypée, quoiqu’elle n’apparaisse pas toujours comme dévalorisante. Selon eux, les hommes sont fréquemment présentés soit en situation de force et de contrôle, soit comme de mauvais garçons séduisants. Sinon, ils sont des êtres peu intelligents, voire stupides et soumis.

Des perceptions en évolution

Le rapport démontre que les perceptions des jeunes quant à l’égalité entre les sexes reflètent leurs préoccupations, leurs aspirations et leurs rêves. Elles traduisent aussi la complexité de l’environnement dans lequel ils évoluent.

D’une part, ces jeunes vivent dans une société où les femmes sont encouragées à assurer leur autonomie et à faire leur place au moyen de la scolarisation. Ils sont également témoins de différentes initiatives visant à accroître la présence des femmes dans des métiers non traditionnels et ils voient des femmes s’impliquer activement en politique et dans la sphère publique.

D’autre part, les jeunes évoluent aussi dans une société où le discours antiféministe trouve écho dans certains médias. Ils sont également témoins de propos méprisants, voire haineux à l’égard des femmes et des féministes.De plus, leur univers est bombardé d’images et de messages représentant les femmes comme objets sexuels et renforçant les stéréotypes sexuels et sexistes.

Cette consultation contribuera certainement à ce que la réflexion et la discussion sur les enjeux d’égalité entre les femmes et les hommes se poursuivent et, surtout,à ce que la parole des jeunes soit considérée et entendue.

Le rapport complet ainsi que les commentaires intégraux exprimés par les jeunes lors des consultations sont disponibles sur le site web du Conseil du statut de la femme.