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Féminisme intergénérationnel

D’une génération de femmes à l’autre, la solidarité, l’engagement et l’égalité demeurent des principes fondamentaux …

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D’une génération de femmes à l’autre, la solidarité, l’engagement et l’égalité demeurent des principes fondamentaux qui guident la réflexion et l’action féministes. Pour souligner la Journée internationale des femmes, la Gazette propose un coup d’oeil sur les convictions qui animent quelques lectrices à l’aube d’une décennie nouvelle.

Emilie Guimond-Bélanger, – 21 ANS

En 2010, on ne naît pas femme, on le devient encore beaucoup : violence, rôles sociaux parentaux, iniquité salariale… Dans une société de plus en plus individualiste, il faut travailler à éveiller les esprits à l’existence du « nous » collectif. Si le 20e siècle a été le siècle de l’acquisition des droits des femmes, le 21e siècle sera celui qui devra voir ces droits mis en application.

Joanie Chalifour, – 26 ANS

Ma lutte est celle des femmes. Pour moi, le féminisme, c’est une façon d’être, de faire et de croire. Il transgresse les frontières, les cultures, les ethnies. C’est ma couleur. J’ai appris de féministes québécoises, chiliennes, péruviennes. Le féminisme explique l’exploitation que nous vivons toutes en tant que femmes. Il expose l’importance de la solidarité, de l’éducation et de la sororité pour trouver un juste équilibre entre les hommes et les femmes. Et pour moi, la lutte n’est pas terminée.

Sara Dabboussi, – 27 ANS

Être féministe, c’e/st encourager les femmes à faire des choix, à avoir un esprit ouvert à tous les changements de notre civilisation. Je pratique le féminisme en utilisant tous mes atouts et mes connaissances pour aider des femmes à connaître des choses nouvelles et à disposer des moyens nécessaires pour atteindre leur autonomie.

Ghislaine Sathoud, – 40 ANS

En 2010, les femmes ne sont pas libres. Je suis née au Congo-Brazzaville et j’y ai grandi. Si le droit civil place les Congolaises sur le même pied d’égalité que les Congolais, celles-ci sont littéralement écrasées par le poids des coutumes. Bref, nous avons toujours besoin du féminisme pour changer le monde des femmes… Et il faut que ça change!

Anne Beaulieu, – 47 ANS

Il y a près de 30 ans, lorsque j’étudiais au cégep, mes copines se tenaient loin des discussions sur les droits des femmes par crainte d’être taxées de féministes.Comme si une malédiction était attachée à ce mot. Lorsque j’ai fait le saut en politique municipale en 2005, j’ai eu un choc : celui d’avoir l’impression de faire oeuvre de pionnière tant il y avait peu de femmes autour de moi.Après avoir été élue, j’ai été nommée à la Commission femmes de la Ville de Québec. Quelle n’a pas été ma surprise, au moment de la sélection des membres citoyennes, d’entendre mes collègues déclarer que cette commission ne devait surtout pas être une affaire de féministes. La malédiction…encore!

Le féminisme, en 2010, sert exactement à la même chose qu’avant : construire une société plus équitable, plus inclusive, mais surtout plus riche parce qu’elle permet à chacune et à chacun de contribuer à son développement selon ses aptitudes et ses aspirations. Si le mot fait encore peur, c’est peut-être parce que l’atteinte de l’équité va bien au-delà des congés de maternité et des garderies à sept dollars, et passe par bien d’autres changements. Et le changement fait toujours peur…

Lucie Lavoie, – 55 ANS

Sans le savoir, j’ai grandi entourée de féministes : les femmes de ma famille et les sœurs du Collège Jésus-Marie. Je leur suis reconnaissante pour leur ambition dévouée à m’ouvrir au monde et à me former afin que je devienne autonome par la pratique d’une profession qui m’épanouit.

Le féminisme se veut collectif. Lors du dernier colloque du Groupe Femmes, Politique et Démocratie,Élaine Hémond exprimait son désir que la planète devienne mixte. Je crois que cet objectif ne peut être atteint que par un engagement solidaire et quotidien vis-à-vis de nos collègues femmes, de nos soeurs, de nos filles et de nos amies.Le féminisme se veut aussi individuel et « s’actualise » dans l’intimité de nos relations avec nos conjoints, nos collègues, nos amis. Mon féminisme, je le définis dans ma conviction profonde qu’il est extraordinaire d’être née femme.

Paule Desgagné, – 60 ANS

Je suis arrivée dans ce monde l’année du Deuxième Sexe de Simone de Beauvoir (1949), l’époque du « sexe faible ». Je ne m’en rendis point compte, toute à l’excitation d’être là…C’est peu après que la « chose » s’est infiltrée. Sans que j’en sois consciente, elle s’est installée au plus creux de la petite fille que j’étais. La comtesse de Ségur – religieusement lue et relue –, l’autorité parentale, l’enfermement à la campagne d’abord, au pensionnat ensuite… Autant d’inspiration pour devenir une « parfaite » petite fille modèle. Parlait-on de féminisme alors? Peut-être… ailleurs.

Il nous a quand même sorties de l’ornière, de la dépendance. Indéniablement. Le féminisme en 2010? Dans le mot même, il y a « coupure », « séparation ». Il me semble que le mot n’est plus de notre époque. Le féminisme n’a pas empêché Polytechnique, pas plus que la violence faite aux femmes. Allez! Il y a du travail à faire. Pourquoi pas sous une autre bannière?

Murielle Côté, – 65 ANS

Le féminisme a provoqué comme résonance chez moi la reconnaissance de diverses capacités : être l’égale de l’homme, pouvoir garder mon nom, être autonome financièrement et indépendante entièrement, faire carrière à titre de professionnelle, sans pour autant me faire reprocher de prendre la place des hommes ou cesser de parler de mes enfants, car la femme n’est pas supposée être au travail lorsqu’elle est mariée.

Le féminisme en 2010? C’est continuer à promouvoir l’accès des femmes à des postes de cadres pour qu’enfin leurs compétences soient reconnues pleinement. Nous avons encore beaucoup à faire à ce chapitre!