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Michèle Fortin PDG de Télé-Québec

PDG quand ça va mal : c’est à peu près ça qui distingue mon parcours. J’ai très souvent été à la tête d’entreprises à une période où il fallait couper!

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PDG quand ça va mal : c’est à peu près ça qui distingue mon parcours. J’ai très souvent été à la tête d’entreprises à une période où il fallait couper! Est-ce que ceux qui m’embauchent le font exprès? Est-ce à cause de ma personnalité ou parce que je suis une femme? Je ne sais pas, lance dans un grand rire Michèle Fortin (née Beauchamp), à la barre de Télé-Québec depuis 2005.

La gestionnaire fait partie de la très courte liste des Québécoises de sa génération à la fois patronnes depuis des lustres et mères de cinq enfants. « Dans mon premier boulot, j’ai rapidement dirigé des équipes », raconte-t-elle. C’était au début des années 1970. Elle était de retour au Québec après avoir complété une maîtrise en administration publique et des études doctorales en administration scolaire à l’Université Berkeley, en Californie. Michèle Fortin a passé l’essentiel de sa carrière dans le secteur public. Au gouvernement du Québec et dans le monde universitaire d’abord. Depuis 1989, elle a oeuvré presque essentiellement dans le monde des communications : Téléfilm Canada, Radio-Canada, Télé- Québec… « Dans cet univers, il y a beaucoup de femmes, y compris comme gestionnaires. » À Télé-Québec, environ 60% des cadres sont des femmes.

La gestion au féminin? « Je déteste cette notion et je déteste en parler. Dans un modèle idéal, les femmes seraient plus sensibles et se soucieraient plus des gens. Dans la réalité, il y a des Indira Gandhi et des Margaret Thatcher. La gestion est plus proche de la personnalité des individus que déterminée par leur sexe. J’ai connu des hommes très humains et des femmes inhumaines.Ce qui fait la différence, c’est l’ambition. Les gens ambitieux se soucient peu des autres », lance-t-elle d’un seul souffle avant d’ajouter : « Je n’ai jamais sentique ma place était contestée parce que j’étais une femme. »

Elle observe cependant des qualités invariablement présentes chez les femmes cadres. «Celles qui sont au sommet sont de grandes travailleuses. Rigoureuses aussi. Remarquez, j’en ai aussi vu essayer d’utiliser leur sexe pour avancer. J’en ai vu “bitcher”. Mais pas fricoter, observe-t-elle. Des hommes boss qui se la coulent douce, j’en ai connu. Des femmes, non. À Télé- Québec, les femmes cadres intermédiaires sont perfectionnistes et très dévouées à leur travail. J’ai vu aussi beaucoup de femmes accepter des tâches ou des postes dont les autres ne voulaient pas. »

On s’en doute,Michèle Fotin fait partie de ces grandes travailleuses dont les heures de travail empiètent souvent sur celles passées à la maison. À un point tel qu’il est difficile d’imaginer comment elle est parvenue à accompagner cinq enfants vers la vie adulte. Cinq! « Ça prend trois choses : un conjoint, de l’argent et la santé », résume-t-elle.

« Pierre et moi formons un couple harmonieux qui partage une vision commune de l’éducation des enfants et de la vie de famille : on a accepté de ne pas être des parents et des amis parfaits. » Un exemple? « Nous n’avons pas cherché à en faire des virtuoses, ce n’était pas vraiment notre modèle! Les enfants n’ont pas suivi de cours de violon. Ils ont plutôt fait de la natation. »

Pierre, c’est l’économiste Pierre Fortin, hyperactif professeur retraité de l’Université du Québec à Montréal. Son emploi flexible et son ouverture à en faire plus ont été très précieux. Grâce à ses revenus confortables, le couple a aussi pu s’offrir des services de gardiennage de jour et de début de soirée en plus de payer les frais des garderies (avant l’avènement des tarifs journaliers à 5 et 7 $). N’empêche, tout y passait, se souvient-elle.

Les Fortin ont de plus choisi d’élever leur marmaille à proximité des transports en commun. « Je ne suis pas une boss. Je ne conduis pas. Pierre a souvent fait le taxi. J’ai géré le guichet automatique. Et la majorité du temps,les enfants se sont débrouillés », relate Michèle Fortin, pour qui la conciliation travail-famille est aussi affaire de choix personnels.