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Muriel Bowser : une politicienne américaine à surveiller

Un texte d’opinion de Julie Miville-Dechêne. Rencontre avec une politicienne américaine inspirante.

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Le poste de présidente du Conseil du statut de la femme m’amène à faire des rencontres inspirantes. À l’occasion de son école d’été, l’Institut du Nouveau Monde m’avait demandé d’interviewer la candidate démocrate à la mairie de Washington, Muriel Bowser, le 15 août dernier. Quelle découverte! À l’époque où j’étais correspondante de Radio-Canada à Washington, il y a une vingtaine d’années, la ville était dirigée par un ex-cocaïnomane, Marion Barry. L’administration municipale était inefficace et corrompue. Les temps ont changé et Muriel Bowser, une conseillère municipale afro-américaine de 42 ans, jamais associée à des scandales, a aujourd’hui toutes les chances de devenir la prochaine mairesse ; du fait, certes, qu’elle a remporté les élections primaires du Parti démocrate contre le maire sortant, dans une ville qui vote démocrate. Mais pas seulement!

Photographie de l'entrevue.
Le 15 août dernier, l’Institut du Nouveau Monde (INM) recevait Muriel Bowser, candidate démocrate à la mairie de Washington, D.C., pour une entrevue devant public menée en anglais par Julie Miville-Dechêne, présidente du Conseil du statut de la femme.

Muriel Bowser a des idées, une vision, des convictions. Elle organise des conférences téléphoniques et utilise les médias sociaux afin d’être à l’écoute et de rester près des citoyennes et des citoyens. En 2011, elle s’est fait arrêter et emprisonner avec des dizaines d’autres Washingtoniens pour avoir manifesté contre la décision du Congrès de réduire l’accès à l’avortement dans sa ville, où le fossé entre riches et pauvres, entre Noirs et Blancs est profond, et où le remboursement des frais liés aux avortements dans les quartiers pauvres est une question de santé publique. Elle n’a pas voté pour Hillary Clinton à la présidence en 2008, car elle jugeait celle-ci trop favorable à la guerre, aux conflits armés pour faire valoir les intérêts américains. Mme Bowser croit qu’il faut réduire les disparités économiques, s’occuper des plus vulnérables, des pauvres — qui sont surtout des Noirs à Washington — si l’on veut progresser.

Celle qui vient d’une famille dont le père était un représentant bénévole de citoyens dans Washington a très vite eu la piqûre pour la politique. Mais elle sait que bien des jeunes femmes talentueuses manquent de confiance en elles-mêmes. C’est pourquoi elle tente de les convaincre de se lancer dans l’arène. Aux États-Unis, 18 % des maires sont des femmes et Muriel Bowser fait son chemin depuis huit ans dans ce monde d’hommes blancs.

Photographie de Muriel Bowser
« Mme Bowser croit qu’il faut réduire les disparités économiques, s’occuper des plus vulnérables, des pauvres – qui sont surtout des Noirs à Washington – si l’on veut progresser. »
 — Julie Miville-Dechêne

Croyant fermement à la transparence et à l’accessibilité de l’administration municipale, la candidate démocrate à la mairie a parrainé en 2007 un projet de loi pour un gouvernement ouvert à Washington (ayant donné lieu à un comité d’éthique), qui oblige notamment les politiciens à débattre publiquement, et non plus à huis clos, comme auparavant.

À moins d’un revirement inattendu, le 4 novembre prochain, Muriel Bowser deviendra la mairesse de la capitale américaine. J’ai hâte de voir si elle réussira à faire de la politique différemment, comme son parcours nous le laisse espérer…