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Lumière sur les femmes de science

Présence des femmes en science : où en sommes-nous? La réponse pourrait vous décevoir.

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Que l’on méconnaisse l’histoire des femmes de science, longtemps demeurées dans l’ombre de leurs confrères, passe toujours. Autres temps, autres mœurs. Mais qu’aujourd’hui encore, très peu de nos contemporaines scientifiques soient connues et reconnues, malgré leurs réalisations remarquables et leur inestimable contribution dans leur domaine scientifique, ça étonne. Pour le moins!

Tenez, dans la plus récente liste des lauréats des Prix scientifiques du Québec — bien qu’on ait veillé à employer le féminin et le masculin dans les descriptions de prix, et que deux de ces récompenses portent le nom de chercheuses —, on ne trouve que quelques rares lauréates parmi les dizaines de récipiendaires. Pourquoi si peu de femmes?

Cette non-reconnaissance réduit forcément le nombre de modèles pour les jeunes filles qui, du coup, s’imaginent que devenir scientifique, c’est surtout pour les garçons… Difficile de les blâmer.

Dans les dernières années, ce ne sont pourtant pas les initiatives qui ont manqué pour donner aux filles et aux femmes l’envie d’investir le domaine. Pensons à Excelle Science, un volet du concours Chapeau, les filles!, ou aux activités des Scientifines, un organisme montréalais que Pascale Millot nous présente dans ce dossier.

Même l’astronaute Marc Garneau, alerté et guidé par ses collègues féminines de l’Agence spatiale canadienne (ASC) du temps où il en était le président, a voulu faire bouger les choses en veillant à la mise sur pied du Comité des femmes en sciences, technologies et gestion de l’ASC. C’était en 2002, et le constat était aussi navrant que patent : les femmes de l’Agence n’arrivaient pas à accéder à de hauts postes de direction et de gestion. À lire sans faute, le texte de Gwenaëlle Reyt sur le sujet.

Un état des lieux comparable à celui qui sévit dans l’univers des technologies de l’information et des communications (TIC), comme en témoigne l’article de Marie-Hélène Verville. Il semble qu’au royaume des geeks, les gars sont rois, et les filles, quasi absentes. Il n’en a pourtant pas toujours été ainsi.

On avance ou on recule?

Dans sa présentation Femmes et TIC : y a-t-il un chaînon manquant?, offerte dans le cadre des activités de l’Université féminine d’été en mai dernier, Anne Chartier, professeure agrégée et directrice du Département des systèmes d’information organisationnels de la Faculté des sciences de l’administration de l’Université Laval, avançait les chiffres suivants pour les États-Unis : en 2011, les femmes représentaient 25 % des effectifs dans les emplois en informatique, comparativement à 41 % en 1985.

Et chez nous? La représentation des femmes dans les TIC est dramatique, affirment les spécialistes. Et pas que dans ce secteur des sciences. Si on assiste à quelques avancées (par exemple, l’Ordre des ingénieurs du Québec compte 13 % de femmes, comparativement à 3,9 % en 1989), on déplore aussi d’importants reculs en matière de présence féminine dans plusieurs domaines scientifiques (mathématiques, génie agricole, génie forestier, etc.), comme le révèle l’analyse de Marie-Hélène Verville.

À qui la faute? Les idées reçues sur l’infériorité des filles en maths et en sciences auraient-elles la couenne dure? Dans l’inconscient collectif, croirait-on encore que le cerveau des filles n’est pas fait pour les sciences, au point de ne pas les encourager sérieusement à s’y engager plus avant? Nous avons laissé la science, justement, répondre à ces questions par la voix de Catherine Vidal, neurobiologiste et directrice de recherche à l’Institut Pasteur, à Paris. À lire, la très belle entrevue que la scientifique a accordée à Pascale Millot.

Si rien ne se perd, et rien ne se crée, il semble que rien ne soit encore gagné pour les femmes de science. Souhaitons que, comme le conclut la célèbre loi de la conservation de la matière, tout se transforme.