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Le sexe-outil

Quand la sexualité devient un outil d’exploitation et une arme politique, religieuse.

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Utiliser la femme comme objet, la sexualité comme outil, voire comme arme : ces pratiques vieilles comme la lune résistent comme de la mauvaise herbe. En août dernier, Louise Mailloux signait un article dans L’Aut’journal sur la sexualité dans l’islam comme arme politique. Elle y démontre que toutes les religions perçoivent le sexe comme une menace (car « il éloigne de Dieu ») et tentent de le cantonner aux fonctions reproductives. L’islam ne fait pas exception, même s’il considère la jouissance sexuelle comme « un élément indispensable à la bonne entente du couple ». Malgré cette apparente ouverture, le corps de la femme demeure, pour certains qui interprètent l’islam de façon intégriste, un lieu d’oppression, de violence. À preuve : le port du voile, l’excision, la lapidation pour adultère, les crimes dits d’honneur, la polygamie à sens unique. Derrière ces us et coutumes, un objectif : instrumentaliser le corps des femmes — et leur sexualité — à des fins reproductives, affirme Louise Mailloux. Car « le destin de tout musulman est de se marier et d’avoir des enfants », écrit-elle. Des enfants musulmans. C’est donc à « cette exigence décisive que le destin et la sexualité des femmes musulmanes seront intimement liés », afin qu’elles participent à l’expansion de l’islam.

La femme-objet et la sexualité-outil sont aussi au cœur de la prostitution, insuffisamment perçue comme ce qu’elle est, selon le Conseil du statut de la femme : une forme d’exploitation sexuelle qui profite aux hommes. Aux proxénètes comme aux clients. « La prostitution prend racine dans des traditions patriarcales. Organisé depuis longtemps au profit des hommes, le commerce qu’est la prostitution leur donne accès au corps des femmes et des enfants. Il existe au départ un lien étroit entre la prostitution et l’esclavage. Ce sont d’abord les femmes esclaves qui sont exploitées dans les bordels, ensuite les femmes issues des classes pauvres », relate le Conseil dans son avis La prostitution : il est temps d’agir, paru en mai 2012. Le plus vieux métier du monde? « Pour Katrín Anna Guðmundsdóttir, féministe islandaise, il s’agit plutôt de la plus vieille oppression du monde », lit-on dans l’avis.