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Sois belle et soûle-toi

« Soirée pornstar », « Party plotte à cash », « Vendredi lingerie », « Ladies night », « Sex party » : Une tendance qui ne s’essouffle pas

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« Soirée pornstar », « Party plotte à cash », « Vendredi lingerie », « Ladies night », « Sex party » : nouvelles soirées tendance de clubs de danse érotique? Non. Plutôt le pain quotidien de bars branchés que fréquentent de plus en plus de jeunes filles. Qui doit-on blâmer pour ces soirées avilissantes?

La tendance ne s’essouffle pas. Depuis quelques années, en échange de (plusieurs) cocktails sucrés, les organisateurs de soirées à saveur machiste encouragent les filles à s’habiller comme des stars de la porno, à défiler en petite tenue ou à participer à des « concours » de t-shirts mouillés, au grand plaisir des clients masculins, présents expressément pour l’occasion — et qui ne se rendent pas toujours compte qu’ils sont également les proies de ces activités mercantiles.

Pour attirer la gent masculine, shooters, bar ouvert et rabais sur l’alcool sont offerts aux dames très tôt en soirée, afin de les « préparer » à l’arrivée des garçons. Non seulement illégale*, cette pratique est inquiétante, surtout quand on sait que le prix de l’alcool est un facteur déterminant dans la consommation. Alors que les filles n’ont pas à dépenser un sou pour participer à ces soirées, on exige habituellement un fort droit d’entrée aux hommes… et on leur propose peu de rabais. Facile de déduire qu’on leur demande littéralement de payer pour accéder à une myriade de filles « détendues et prêtes à faire la fête » (lire ici : soûles et vulnérables).

Mais qui doit-on blâmer pour ces soirées sexistes et dégradantes? Les organisateurs et propriétaires des établissements qui utilisent l’image hypersexualisée des femmes pour s’enrichir? (Original!) Les garçons, dont une majorité a malheureusement fait son éducation sexuelle sur Internet, qui ne semblent plus s’indigner de l’utilisation du corps féminin comme objet sexuel? Ou alors est-ce la faute des participantes, qui se laissent assujettir aux règles d’une société où l’apparence prime sur tout, une société qui exige qu’elles soient toujours plus désirables?

Certains rétorqueront que les filles qui participent à ce genre d’évènements sont libres de faire ce qu’elles veulent de leur corps, qu’elles embrassent leur féminité. À ceux-là je réponds qu’avec la pression qu’exercent la société et la culture populaire sur les femmes, il s’agit plutôt, selon moi, d’une tentative désespérée de se faire valoir, accepter, voire aimer.

Alors, à qui la faute? À nous toutes et tous. Je pense que nous devons, ensemble, filles, garçons, femmes, hommes, propriétaires de bar, publicitaires et citoyens, lutter contre ce genre de sexisme, présent dans notre quotidien, pour réussir à changer les mentalités.

Et ça peut simplement commencer par ne pas participer au prochain « Vendredi lingerie »…

  1. *En vertu du paragraphe 4o de l’article 2 du Règlement sur la promotion, la publicité et les programmes éducatifs en matière de boissons alcooliques, « nul ne peut faire une publicité sur les boissons alcooliques incitant une personne à consommer des boissons alcooliques de façon non responsable ». Le règlement stipule également que « le titulaire d’un permis pour consommation sur place ne peut, directement ou indirectement, dans sa publicité, annoncer la consommation gratuite de boissons alcooliques ».